Saint Augustin : De la Terre jusqu’au Ciel.

– Nul génie n’a contribué autant que Saint Augustin à faire connaître aux hommes la vérité : parmi les noms d’ici-bas, il n’en est point qu’une bouche humaine doive prononcer avec plus d’admiration et d’amour ! –

28 août,
Fête de notre glorieux Père Saint Augustin.

En cette fête de notre glorieux Père Saint Augustin, permettez-moi, chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion, de vous inviter à lire un beau texte qui résume avec un lyrisme plein d’amour tout ce qui constitue  le génie, les mérites et la gloire du plus grand de tous les Docteurs de l’Occident.
Ce texte est extrait du dernier chapitre et forme la conclusion de l’ « Histoire de Saint Augustin » publiée au XIXe siècle par l’historien J.J. Poujoulat.

Claudio Coello triomphe de St Augustin - 1664 (Madrid - Prado)

Le triomphe de Saint Augustin
(Claudio Coello, 1664 – musée du Prado, Madrid)

Le génie, les mérites et la gloire de Saint Augustin :

Avant saint Augustin il y avait des vérités chrétiennes qui sollicitaient de plus vives lumières, les doctrines de l’Eglise catholique n’avaient pas reçu toutes leurs preuves, tout leur développement ; saint Augustin a creusé plus de choses religieuses qu’aucun autre Père, a mis au grand jour tous les dogmes chrétiens plus qu’on ne l’avait fait jusque-là, et l’Eglise lui doit un corps complet d’enseignements. Il est monté dans les hauteurs du dogme catholique avec une puissance dont on ne cessera jamais de s’étonner. Saint Athanase avait admirablement établi la divinité de Jésus-Christ contre l’arianisme ; il avait établi aussi le Dieu en trois personnes, mais cette dernière partie de la théologie catholique avait besoin d’un travail nouveau ; le traité de la Trinité par saint Augustin fut un beau complément. Le manichéisme dénaturait l’essence divine et dénaturait l’homme ; saint Augustin fit comprendre à tous que le mal n’est pas une substance, mais la défaillance du bien, que la création est bonne, que tout ce qui existe est bon, que le mal est l’œuvre de la volonté humaine et non pas l’oeuvre de Dieu : il rendit à l’homme sa liberté, sa grandeur morale, et à Dieu son unité et sa bonté. Le pélagianisme, en plaçant l’homme si haut, en le représentant si fort, sapait les fondements du christianisme : la Rédemption devenait inutile. Saint Hilaire, saint Grégoire de Nazianze, saint Basile, saint Jean Chrysostome, saint Ambroise avaient enseigné, d’après les livres sacrés, le dogme de la déchéance primitive et l’impuissance de l’homme à accomplir, par sa seule force, les bonnes oeuvres ; mais Pélage, Célestius et Julien ne s’étaient pas encore montrés ; la Providence réservait à saint Augustin l’honneur d’approfondir plus que personne ces grandes questions, et de tracer d’une main ferme les limites où finit l’homme, où Dieu commence. Enfin, dans ses combats contre le donatisme, l’évêque d’Hippone a condamné et convaincu d’erreur toute communion qui se sépare de l’Eglise universelle.

C’est ainsi que le docteur africain a, non pas fondé la foi catholique, car le fondateur c’est un Dieu fait homme, et, avant saint Augustin, l’Eglise avait ses dogmes, mais c’est ainsi que, disciple de saint Paul et son interprète sublime, il a donné à la foi divine ce que nous appellerons son complément humain. Saint Augustin, c’est le génie de l’Occident formulant avec une entière netteté les doctrines, dégageant les dogmes de tout le vague des imaginations orientales, établissant dans leur plus lumineuse précision les magnifiques réalités du christianisme. Le plan providentiel a donné une grande place à l’influence du génie occidental pour le développement et le progrès de la foi chrétienne ; les destinées religieuses de Rome sont là pour l’attester. La théologie catholique a donc pour représentant principal saint Augustin, et comme il n’a jamais rien inventé en matière religieuse et qu’il a toujours procédé avec les témoignages de l’Ecriture, le protestantisme et le jansénisme ne sont pas plus sortis des écrits de l’évêque d’Hippone qu’ils ne sont sortis de la Bible et de l’Evangile. Luther et Jansénius dénaturaient saint Augustin, mais ne le suivaient pas (…).
La plupart des Pères de l’Eglise, travaillant selon le besoin des temps où ils ont vécu, ont soutenu telle ou telle lutte de manière à ne pas dépasser les limites de certaines questions. Une autre tâche fut imposée à saint Augustin ; il eut à combattre toutes sortes d’hérésies, et l’on peut dire avec Bossuet que l’évêque d’Hippone « est le seul des anciens que la divine Providence a déterminé, par l’occasion des disputes qui se sont offertes de son temps, à nous donner tout un corps de théologie, qui devait être le fruit de sa lecture profonde et continuelle des livres sacrés » (Bossuet, in « Défense de la Tradition et des saints Pères », liv. IV. Chap. 16).

Si le docteur africain est le premier des théologiens, il demeure aussi le premier des philosophes chrétiens. On ne nous citera pas une donnée féconde, une vue haute, une notion philosophique de quelque portée, qui n’ait son expression ou son germe dans les écrits de saint Augustin. (…)
Il y a des gens aujourd’hui qui, le plus sérieusement du monde, aspirent à l’alliance de la philosophie et de la religion comme à une grande nouveauté chez les hommes. Ils oublient que cette alliance a été faite et signée par les plus fiers génies dans les premiers siècles chrétiens. Ils ne savent pas avec quelle constante autorité saint Augustin a fait marcher la philosophie à côté de la religion (…)
L’union de la raison et de la foi, voilà la plus belle manière de croire. Personne, plus que saint Augustin, n’a réservé les droits de la raison et ne l’a introduite dans les conseils de l’âme pour monter aux régions de la foi. Il a défendu les droits de la conscience humaine, et, par lui, l’homme est devenu son premier point de départ dans sa course vers les vérités invisibles. Notre dix-septième siècle, ce siècle de tant de génie, de raison et de foi, savait ce que valait saint Augustin ; il professait pour l’évêque d’Hippone une admiration sans bornes.

A ne voir dans saint Augustin que l’homme ami des hommes, vous lui reconnaîtrez encore un indéfinissable empire sur les âmes. Du fond de ce siècle en travail de destinées nouvelles, du milieu d’immenses ruines et de l’agitation des peuples, sort une voix douce comme la compassion, tendre comme l’amour, résignée comme l’espérance en Dieu. Elle apporte un baume à toutes les souffrances, du calme à tous les orages, le pardon à tout coeur qui se repent, et c’est elle surtout qui soupire dans l’exil de la vie et chante la patrie absente. On entend l’âme humaine gémir et aussi éclater d’une façon magnifique par la bouche de celui qui en avait senti toutes les infirmités et compris toute la gloire. Cette voix suave charmait nos monastères du Moyen Age qui transcrivirent avec une prédilection marquée les oeuvres immortelles de l’évêque d’Hippone ; elle nous charme encore, nous, hommes du monde, livrés à toute l’activité humaine. Augustin est l’homme de tous les siècles par le sentiment.

Cette voix, partie d’Afrique, dont le retentissement fut si magnifique et si universel, nous instruit et nous touche dans un livre qui ne porte pas le nom d’Augustin, mais qui évidemment est né de l’influence de son génie : ce livre est l’Imitation de Jésus-Christ. L’humilité profonde à l’aide de laquelle on s’élève aux plus grands mystères, cet amour de la vérité qui impose silence à toute créature et ne veut entendre que Dieu lui-même, la manière de lire utilement les saintes Ecritures, le peu de confiance qu’on doit mettre dans l’homme, l’oubli de soi et la charité pour tous, les ravissements de la paix intérieure et d’une bonne conscience, les joies de la solitude et du silence, le détachement des biens visibles et la patience dans les maux, les élans du coeur vers la beauté éternelle et immuable, la tendre et sublime causerie de l’âme avec son Dieu , tout ce qu’il y a de doux, de profond et de consolateur dans cet ouvrage qui n’a pas d’auteur connu, comme si le ciel eût voulu le disputer à la terre, toute cette délicieuse étude des plus secrètes ressources chrétiennes est remplie de l’âme de saint Augustin. Quand je lis l’Imitation de Jésus-Christ, il me semble que c’est Augustin qui me parle.

(…) Le genre humain, placé dans les temps comme une sorte de mer vivante, apparaît calme ou troublé, selon la paix ou les orages de l’âme humaine, et le passage des siècles s’accomplit avec un retentissement monotone : chaque siècle apporte son éclat, qu’il emprunte au génie et à la vertu, et sur l’océan des âges ces rayonnements de l’intelligence ou du coeur se succèdent vite. Les mêmes révolutions et le même fracas se renouvellent chez les hommes sous des noms divers ; les empires n’ont qu’un même bruit pour s’écrouler, et le genre humain marchera de ce pas jusqu’au bout. La monotonie de ce spectacle serait peu digne de notre âme, nous aurions le droit de le prendre en dégoût, si de temps en temps le doigt de Dieu ne se révélait dans ces page, si au fond des, événements la vérité ne faisait pas toujours son oeuvre, et surtout si la vie de l’homme n’était pas un acheminement à des destinées immortelles. Aussi notre reconnaissance doit monter avec ardeur et énergie vers les intelligences supérieures qui, instruites par la divine parole, nous ont fait voir la raison et le but de notre course sur la terre. Nul génie (nous ne parlons pas des auteurs sacrés) n’a contribué autant que saint Augustin à faire connaître aux hommes la vérité : parmi les noms d’ici-bas, il n’en est point qu’une bouche humaine doive prononcer avec plus d’admiration et d’amour !

Jean-Joseph François Poujoulat (1808-1880)
conclusion de l’ « Histoire de Saint Augustin » (ed. Mame – 1875)

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Litanies en l’honneur de notre Bienheureux Père Saint Augustin.

(pour la récitation privée)

canivet avec Saint Augustin

Canivet représentant Saint Augustin
(collection du Mesnil-Marie)

Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exauce-nous.

Père Céleste qui es Dieu, ayez pitié de nous.
Fils, Rédempteur du monde, qui es Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint qui es Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte qui es un seul Dieu, ayez pitié de nous.

Sainte Marie, priez pour nous.
Sainte Mère de Dieu, priez pour nous.
Siège de la Sagesse, priez pour nous.

Saint Augustin, notre Bienheureux Père, priez pour nous.

Saint Augustin, fils des larmes d’une mère vertueuse, priez pour nous.
Saint Augustin, exemple sublime de conversion, priez pour nous.
Saint Augustin, règle vivante pour les âmes contrites, priez pour nous.
Saint Augustin, infatigable chercheur de Dieu, priez pour nous.
Saint Augustin, inlassable contemplateur de la Très Sainte Trinité, priez pour nous.
Saint Augustin, scrutateur persévérant des mystères de la grâce, priez pour nous.
Saint Augustin, dont le cœur fut embrasé par le feu du divin Amour, priez pour nous.
Saint Augustin, zélateur de la vie monastique, priez pour nous.
Saint Augustin, modèle pour la vie apostolique, priez pour nous.
Saint Augustin, réceptacle de la Sagesse divine, priez pour nous.
Saint Augustin, gloire du collège des évêques, priez pour nous.
Saint Augustin, colonne de la foi catholique, priez pour nous.
Saint Augustin, lumière pour tous ceux qui enseignent, priez pour nous.
Saint Augustin, prédicateur ardent de la Parole divine, priez pour nous.
Saint Augustin, source inépuisable de l’éloquence chrétienne, priez pour nous.
Saint Augustin, commentateur inégalable des Saintes Ecritures, priez pour nous.
Saint Augustin, gardien de la vérité contre l’erreur, priez pour nous.
Saint Augustin, exterminateur des hérésies, priez pour nous.
Saint Augustin, défenseur de la Sainte Église contre ses ennemis, prie pour nous.
Saint Augustin, docteur sublime de la grâce, priez pour nous.
Saint Augustin, Père humble et miséricordieux, priez pour nous.
Saint Augustin, puissant consolateur des âmes affligées, priez pour nous.
Saint Augustin, éclat resplendissant de la gloire de Dieu, priez pour nous.
Saint Augustin, brillant miroir de la sainteté, priez pour nous.
Saint Augustin, modèle de toutes les vertus, priez pour nous.
Saint Augustin, patriarche d’innombrables familles religieuses, priez pour nous.
Saint Augustin, lumière incomparable de l’Occident, priez pour nous.

Agneau de Dieu qui enlevez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu qui enlevez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu qui enlevez les péchés du monde, ayez pitié de nous.

V./: Priez pour nous, ô notre glorieux Père Saint Augustin ;
R./: Afin que nous soyons rendus dignes des promesses de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Prions :

Dieu tout-puissant et miséricordieux, qui, renouvelant dans Votre Eglise le miracle de la colonne de nuée et de feu, avez communiqué avec une incommensurable largesse la pénétrante intelligence des mystères de Votre Sagesse à notre Bienheureux Père Saint-Augustin, et qui avez surabondamment embrasé son cœur de la flamme de Votre Amour divin de sorte qu’il puisse la propager à travers tous les siècles dans les âmes de Vos fidèles, à sa prière et par son intercession, accordez-nous, nous Vous en supplions, d’affronter victorieusement les épreuves et les tempêtes de ce monde qui passe pour atteindre heureusement aux rivages de la patrie éternelle que Vous nous avez promise. Nous vous le demandons par Jésus-Christ, Notre-Seigneur.

 

Ainsi soit-il.
Sacré-Coeur gif
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Un commentaire

  • dom64verona88chrysostomos

    Mes chers amis, Saint Augustin est l’un des quatre Pères de l’Eglise d’Occident. Pourtant, lisez bien saint Thomas d’Aquin, il le dépasse en génie et s’est même permis, et j’ai la faiblesse de le croire avec raison, de le contre-dire par quatre fois! Bien évidemment, cela ne permet aucun jugement.

    Très ,humblement vôtre, le pauvre pécheur que je suis.

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