Une grande découverte a lieu dans les années 1970.
Ce sont des champs magnétiques, totalement imperceptibles, qui traversent notre corps et travaillent sur nos tissus.
Ces champs magnétiques sont émis par des appareils qui les modulent et les émettent en saccades- on dit que les champs sont pulsés.
Les applications sont nombreuses, mais la plus impressionnante, celle qui a convaincu même les plus sceptiques, c’est que ces champs font repousser les os!
Tout commence par le hasard d’un voyage en avion et des places assignées aux passagers.
Arthur Pilla, un jeune électrochimiste américain, se rend à un congrès sur sa spécialité, l’électrodéposition, l’analyse des phénomènes chimiques qui se produisent au contact d’une électrode entourée de dendrites, des excroissances en formes de rameaux tordus- c’est la manière dont se dépose un nouveau composé chimique sous l’action d’un courant électrique.
Pour Pilla, aucun doute, son voisin doit se rendre au même congrès d’électrochimie.
Mais pas du tout : les photos représentent l’intérieur d’un os humain dans lequel on a implanté une électrode, et le passager travaille dans l’équipe d’Andrew Basset, un chirurgien orthopédiste à l’université de Columbia, à la recherche d’une nouvelle technique pour traiter les fractures.
Cette rencontre va bouleverser la vie et la carrière d’Arthur Pilla.
Il propose son aide a Basset et se retrouve entraînés dans l’aventure du bio-électromagnétisme.
Ensemble les deux hommes vont accomplir une percée décisive.
Le premier chercheur sur les propriétés électriques des tissus osseux et leur rôle dans la repousse et la guérison s’appelle Robert O. Becker.
Le collagène se dispose en longues fibres, un peu comme des spaghettis, et ces fibres peuvent s’orienter selon les lignes de force du champ électrique.
Enfin l’os réagit de manière particulière à la lumière, il est faiblement phosphorescent dans l’infrarouge.
Tous ces phénomènes indiquent que l’os réagit aux champs électromagnétiques.
Dès lors, on peut imaginer que, lors d’une fracture, l’os reçoit des nerfs environnants de faibles courants électriques qui déclenchent sa croissance.
Quand la fracture est très ouverte, les nerfs sont trop loin et le courant ne passe plus.
Mais en apportant les courant appropriés grâce à des sources extérieures, ne serait-il pas possible de stimuler artificiellement la repousse ?
Cette idée Becker en discute un jour avec son jeune confrère Andrew Basset.
Le scepticisme est massif.
Becker fait pourtant ses premiers essais sur des animaux en 1966, et sur l’homme en 1972.
Sa technique consiste à insérer une électrode en argent dans la blessure, qui émet un minuscule courant électrique.
Malgré de bons résultats sur de patients dont c’était la dernière chance avant l’amputation, la méthode Becker n’entrera jamais dans la pratique médicale.
Le groupe Andrew Basset et Arthur Pilla va franchir une étape cruciale en abandonnant le système des électrodes implantées.
Basset et Pilla inventent alors des appareils qui produisent le même effet à distance, sans contact, grâce aux champs magnétiques pulsés.
En fait, à l’intérieur des tissus, cela revient au même : le champ magnétique en mouvement crée un courant électrique, et c’est ce courant électrique qui agit.
Mais la méthode magnétique offre l’immense avantage d’être “non-invasive”, beaucoup plus pratique, totalement indolore et sans le moindre risque.
Entrée dans la médecine approuvée et mort de Bassett
La méthode est agréée par la FDA, à la suite d’études cliniques concluantes, en 1979.
Basset et Pilla ont déposé des brevets, dont on dit qu’ils ont rapporté beaucoup d’argent.
Andrew Basset est mort en 1994.
Pilla, lui, est toujours bien vivant et très actif dans la recherche.
Pilla déclare : « Nous avons traité des patients dans un état très grave, chez qui les greffes avaient échoué.
Nous avons eu un taux de réussite de 75%.
La FDA nous a demandé d’autres études cliniques, nous les avons financées, et finalement nous avons eu le feu vert
Depuis, nous avons des signaux plus efficaces, et nous savons que ça marche aussi sur les tissus mous, la cicatrisation des blessures et des ulcères, et la régénération des nerfs.
Mais pour avoir l’autorisation d’appliquer ça, il faut de nouvelles études cliniques, qui coûtent très cher.
Voilà qui rend les progrès très lents dans ce domaine.
La plupart des orthopédistes préfèrent quand même les greffes, parce que ça leur rapporte plus. »
Le boom des appareils à pulsations magnétiques
La découverte de Pilla et Bassett ouvre une brèche où vont s’engouffrer des centaines de chercheurs, d’inventeurs et d’entrepreneurs.
Aujourd’hui, les appareils émetteurs de champs magnétiques pulsés semblent appelés à détrôner bientôt les TENS et autres émetteurs de courant sur une vaste marché, pour des indications de plus en plus variées.
Source : Ces ondes qui tuent, ces ondes qui soignent de Jean-Pierre Lentin
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