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Le dernier déploiement militaire temporaire de l’Australie en Europe est lié à l’endiguement de la Chine

Le concept émergent d’« Occident global » n’est pas seulement un « ensemble de démocraties », comme certains le présentent, mais un ensemble de partenaires militaires des États-Unis sur lesquels on peut compter pour tenir en respect les rivaux eurasiens.

Lors du sommet de l’OTAN du mois dernier, l’Australie a convenu d’envoyer un avion de surveillance et d’alerte précoce aéroporté E-7 Wedgetail et jusqu’à 100 soldats en Europe d’ici novembre, à la demande du bloc et de la Pologne, pour aider l’Ukraine. Cela se fera dans le cadre de l’« opération Kudu », qui « représente l’engagement des forces de défense australiennes pour la formation du personnel des forces armées ukrainiennes au Royaume-Uni ». Elle fait suite à une précédente mission de ce type sur la base aérienne de Ramstein, de sorte que la dernière en date ne mérite pas vraiment d’être signalée.

Cela ne signifie pas pour autant qu’elle est insignifiante, car il est important pour les observateurs de comprendre pourquoi l’Australie continue à s’impliquer militairement dans un conflit à l’autre bout de la planète. La raison en est que l’Australie considère cela comme une contrepartie à l’aide anglo-américaine apportée par l’AUKUS pour contenir la Chine. Que l’on soit d’accord ou non, le gouvernement australien considère aujourd’hui la Chine comme un adversaire, principalement en raison de l’influence anglo-américaine, et formule sa politique en conséquence.

Les livraisons d’armes à l’Ukraine, la fourniture d’armes à l’Ukraine, la formation de ses troupes au Royaume-Uni et un nouveau déploiement militaire temporaire en Europe ne sont pas seulement un moyen de rendre la pareille à ses alliés de l’AUKUS, mais aussi un moyen d’acquérir de l’expérience au cas où la Chine serait impliquée dans un conflit régional. Que ce soit contre Taïwan, les Philippines, le Japon et/ou les États-Unis, l’Australie s’attend à être impliquée de la même manière que dans le cas de la Russie et de l’Ukraine, en fournissant des armes, une formation et des missions d’alerte précoce et de contrôle.

En outre, l’Australie espère que les membres européens du bloc lui rendront la pareille pour sa solidarité avec l’OTAN dans sa guerre par procuration contre la Russie en Ukraine, si elle participe à une future guerre par procuration de l’AUKUS+ (AUKUS, Taiwan, Japon et Philippines) contre la Chine. Même s’ils le feraient probablement de leur propre chef, sur ordre du « papa » américain, bien que dans ce cas en contrepartie de la « défense de l’Europe contre la Russie » (comme ils le croient sincèrement, mais à tort), c’est un prétexte approprié pour l’opinion publique.

L’objectif global est de créer la perception d’un « Occident global » s’étendant sur l’Atlantique et le Pacifique et englobant les deux moitiés de l’Eurasie, de sorte que les États-Unis soient en mesure de « mener par l’arrière » pour contenir la Chine à l’avenir et peut-être à nouveau la Russie, en fonction des événements. Le rôle de l’Australie est donc de servir d’exemple de pays d’Asie-Pacifique contribuant au front européen de la campagne actuelle d’endiguement de la Russie par les États-Unis, afin de justifier la participation des pays européens à un futur front asiatique contre la Chine.

Dans ce contexte, le récent déploiement militaire temporaire de l’Australie en Europe sert un objectif stratégique bien plus important que la plupart des observateurs ne le réalisent. En soi, la contribution de l’Australie à la guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie via l’Ukraine est minime et n’a aucune influence sur le cours des événements, mais elle contribue à préparer le terrain pour ce qui pourrait arriver après la fin de ce conflit. Si le « reset total » de Trump avec la Chine échoue, l’« Occident global » dirigé par les États-Unis pourrait endiguer ce pays de manière plus agressive.

A cette fin, le précédent de l’implication militaire continue de l’Australie dans le conflit ukrainien peut servir de prétexte aux membres européens de l’OTAN pour participer à une future guerre par procuration contre la Chine, qui pourra être vendue à l’opinion publique comme un « retour de faveur par solidarité ». Le concept naissant d’« Occident global » n’est donc pas seulement un « ensemble de démocraties », comme certains le présentent, mais un ensemble de partenaires militaires des Etats-Unis sur lesquels on peut compter pour tenir en respect les rivaux eurasiens.

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