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Alors que Poutine aurait promis à la Chine une durée de 5 ans pour la guerre en Ukraine, nous apprenons que la Russie prévoit de recruter 400.000 militaires.

Article traduit de THE MOSCOW TIMES

Le Kremlin et le ministère de la Défense prévoient de poursuivre en 2024 leur campagne de recrutement de militaires sous contrat pour l’armée russe. Les régions russes ont déjà reçu de Moscou le plan de recrutement des soldats sous contrat pour 2024, et le quota est à peu près le même qu’en 2023, a déclaré une source de haut rang au fait des plans de la direction militaire. Au niveau national, les autorités s’attendent à ce qu’environ 400 000 personnes acceptent de partir au front en 2024.

Une autre personne participant aux réunions du Kremlin a confirmé que les régions seront chargées de trouver et de recruter de nouveaux militaires sous contrat. Elle n’a pas précisé le quota exact pour 2024, se contentant de dire qu’il “sera similaire à celui de 2023, voire légèrement inférieur”.

Depuis le printemps 2023, les autorités mènent une campagne de masse pour promouvoir le service contractuel dans l’armée à travers les régions de Russie.

Le principal attrait de la guerre est l’argent. Alors que le salaire moyen en Russie est d’environ 70 000 roubles (760 dollars), le salaire mensuel d’un militaire sous contrat commence à 204 000 roubles (2 200 dollars). Des primes peuvent également être accordées pour la participation à des actions offensives et la capture de matériel ukrainien, par exemple.

En outre, un soldat a droit à un paiement unique du budget fédéral d’un montant de 195 000 à la fin de son contrat. Les régions les plus riches, telles que Moscou et les régions de Moscou, paient les soldats sous contrat beaucoup plus cher.

L’intention des autorités russes de recruter 400 000 militaires sous contrat en 2023 a été rapportée pour la première fois en mars. Les déclarations des responsables suggèrent que cet objectif a déjà été dépassé.

Par exemple, lors de la réunion du conseil d’administration du ministère de la défense le 19 décembre, le ministre de la défense Sergei Shoigu a déclaré que 490 000 militaires contractuels et volontaires avaient été enrôlés depuis le début de l’année.

Ces derniers n’ont pas formellement le statut de militaires et peuvent quitter le front à la fin de leur période de service, tandis que les soldats sous contrat sont obligés de combattre jusqu’à la fin officielle de la guerre.

Shoigu n’a pas révélé combien de militaires sous contrat ont été recrutés en 2023, mais selon le président adjoint du Conseil de sécurité, Dmitri Medvedev, les volontaires représentent environ 21 % des personnes enrôlées. Selon cette estimation, environ 387 000 personnes ont signé un contrat avec le ministère de la défense depuis le début de l’année.

Si l’on étudie les déclarations du ministère de la Défense au cours des dernières années concernant le nombre de contractants dans l’armée russe et les projets de recrutement, on constate que les chiffres officiels ne concordent pas.

En mars 2020, Shoigu affirmait que l’armée russe comptait 405 000 contractants. Il y a un an, déjà en pleine guerre, Shoigu affirmait que le nombre de contractants devrait être porté à 521 000 d’ici la fin de l’année 2023 et, à terme, à 695 000.

On ne sait pas combien de contractants se trouvaient dans l’armée au moment de cette déclaration. Mais il est peu probable qu’ils soient moins nombreux qu’en mars 2020, car l’augmentation de leur nombre était l’une des priorités du ministère de la défense avant la guerre. Si l’on se base sur les chiffres officiels mentionnés ci-dessus, le ministère de la Défense devait recruter 116 000 personnes supplémentaires pour réaliser le plan annoncé par Shoigu à la fin de l’année 2022. Or, l’objectif de soldats sous contrat pour 2023 était de 400 000 combattants. Ce chiffre a d’ailleurs été récemment confirmé par Poutine lui-même.

Les autorités russes affirment avoir dépassé le plan cette année. Comme nous l’avons calculé ci-dessus, environ 387.000 personnes ont signé un contrat avec le ministère de la Défense. D’après les déclarations officielles, l’armée russe devrait déjà compter plus de 750 000 contractants. En d’autres termes, même le plan annoncé la veille par Shoigu pour 2024 a été réalisé : porter le nombre de contractants à 745 000.

Les sources au sein du gouvernement ont été unanimes à penser qu’il sera beaucoup plus difficile pour les autorités de réaliser le plan de recrutement de contractants l’année prochaine, même si la situation sera différente d’une région à l’autre. Elles ont exprimé leur scepticisme à l’égard des derniers rapports du ministère de la défense sur les succès du recrutement.

“Les personnes qui sont allées à la guerre pour des raisons patriotiques se sont épuisées”, a déclaré une source de haut rang connaissant la manière dont les régions recrutent des soldats sous contrat. “Dans le même temps, les salaires des entreprises civiles et militaires ont considérablement augmenté. De plus, dans certaines régions, il y a des travailleurs en rotation, et leurs salaires sont encore plus élevés. Si vous êtes payé 150 000 roubles dans un emploi civil, pourquoi avez-vous besoin des 200 000 roubles que le ministère de la défense verse à un soldat sous contrat ?”

Le ministère de la défense a épuisé son réservoir de recrues potentielles. “Aujourd’hui, il n’y a plus le même nombre de personnes qui buvaient de la bière et décortiquaient des graines de tournesol [et qui sont passées au service contractuel]”, a-t-il déclaré, ajoutant que la population carcérale prête à signer des contrats se tarit également.

“Il y a maintenant une course entre les régions. Elles essaient, mais il n’est pas réaliste de trouver autant de personnes”, a déclaré une source proche du Kremlin. “Il s’agit de personnes concrètes. Si vous attirez l’un d’entre eux dans l’armée, cette personne disparaît de quelque part. Et de nos jours, elle a tendance à abandonner une profession particulière – médecin ambulancier, chauffeur de bus. Et où trouver un nouveau chauffeur de bus ?”.

Le salaire de 200 000 à 300 000 roubles des militaires sous contrat perturbe également l’équilibre du marché du travail, poursuit la source. “Les chemins de fer russes souffrent d’une pénurie de personnel sur les chantiers de construction. Ce déficit s’est encore aggravé cette année, car les travailleurs trouvent des emplois moins exigeants sur le plan physique, avec des salaires 1,5 à 2 fois plus élevés. Par exemple, le même chauffeur de bus”.

En octobre, le taux de chômage en Russie a atteint le niveau record de 2,9 %.

Si le président Vladimir Poutine se targue de ce chiffre, le bloc économique et financier ne s’en réjouit pas, car la pénurie de travailleurs freine le développement économique et accélère la hausse des prix. “Il n’y a pratiquement plus de main d’œuvre dans l’économie, la situation des travailleurs est vraiment très grave”, a récemment déclaré Elvira Nabiullina, présidente de la Banque centrale. Le ministre du développement économique, Maxim Reshetnikov, a qualifié la pénurie de main-d’œuvre de principale source de risque interne pour l’économie.

Malgré la pénurie de main-d’œuvre, le plan pour les militaires sous contrat sera réalisé grâce à des campagnes plus ciblées, a déclaré une source ayant connaissance des plans des régions pour trouver des travailleurs sous contrat.

Il a cité l’exemple des citoyens qui ne paient pas de pension alimentaire comme réserve potentielle.

“Ils sont des dizaines de milliers et ne sont officiellement employés nulle part. Nous n’avons pas eu le temps de les mobiliser. La moralité de ces citoyens est évidente. Mais de cette manière, ils pourront s’acquitter de leur dette envers le pays et payer leur pension alimentaire”, a-t-il déclaré.

Toutefois, les pensions alimentaires versées par les militaires doivent encore être garanties. Certains mauvais payeurs ont profité des assouplissements accordés par les autorités à ceux qui sont allés au front et ont évité de prendre leurs responsabilités.

Selon le Service fédéral des huissiers, au 1er janvier 2023, il y avait 771 000 procédures d’exécution pour le recouvrement des pensions alimentaires, et 153 800 cas de non-payeurs recherchés ou condamnés à une amende. L’année prochaine, une loi créant un registre des débiteurs de pensions alimentaires pourrait être adoptée.

Le recours au service contractuel permet aux autorités de ne pas mobiliser les citoyens en grandes vagues.

Cependant, selon des sources dans les régions, les autorités locales préféreraient la mobilisation parce que c’est un système plus facile pour elles.

Et le travail effectué depuis l’automne dernier pour organiser les listes des commissions militaires et d’autres informations sur les citoyens pourrait aider les autorités à mobiliser les hommes “sans nuire à l’économie”.

Mais lorsque l’un des gouverneurs tente de faire passer le message à l’étage supérieur : “Organisons peut-être une autre mobilisation”, il se heurte à un refus catégorique. Il n’y a que des contrats”, se plaint une source au sein de la direction d’une région.

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