« Tu devras un jour en répondre devant Dieu ! » : magnifique réponse du Père Kalka au CEMA Lecointre.

Le général Lecointre, chef d’Etat-major des armées (photo), s’est dit « absolument révulsé » par la Tribune des généraux publiée dans Valeurs actuelles le 21 avril dernier. Alors que 58 % des Français ont manifesté leur soutien aux signataires de la Tribune, le CEMA  a demandé à la ministre des armées Florence Parly des sanctions contre les 18 militaires en activité signataires de cette Tribune, dont quatre officiers.

François Lecointre exige entre autre la radiation des généraux signataires, une procédure qui entraîne leur mise à la retraite définitive :

« C’est une procédure exceptionnelle, que nous lançons immédiatement à la demande de la ministre des Armées, Florence Parly. Ces officiers généraux vont passer chacun devant un conseil supérieur militaire. Au terme de cette procédure, c’est le président de la République qui signe un décret de radiation. »

Pour les autres signataires en activité, le général Lecointre plaide pour des sanctions disciplinaires proportionnelles à leur grade.

Alors que, selon Valeurs Actuelles, une nouvelle Tribune de militaires contre le « délitement » du pays est en gestation, le Père Richard Kalka, ancien aumônier des parachutistes de 1985 à 2015, vient d’adresser au CEMA Lecointre la réponse suivante : 

Au chef d’état-major des armées

Mon Général,

Nous nous sommes croisés la dernière fois en juin 2019, au colloque consacré au 25ème anniversaire de l’opération Turquoise. Je ne suis pas très connu dans l’armée française, mais l’armée de terre me connaît, surtout les parachutistes. La plupart des soldats savent qui je suis : celui qui, depuis 1985, les a accompagnés sur tous les théâtres d’opération. Je dis bien « tous », jusqu’à l’Afghanistan, la dernière mission de mon parcours. J’ai toujours répondu « présent » pour être en tant que prêtre, ami et frère d’armes dans n’importe quelles conditions à côté de ceux qui avaient besoin de moi. Dans « la boue, la sueur et la bagarre », comme ils disaient. Et ils étaient nombreux, très nombreux. Il suffit de leur poser la question ; encore faut-il pouvoir le faire, car pour les questionner il faut être près d’eux, à leur côté. Ce qui n’est plus ton cas depuis fort longtemps, même si tu peux t’encenser d’un fait d’armes à Sarajevo, grâce au courage des soldats-marsouins de ta section.

Comme tu sais, mais tu préfères l’ignorer, nous étions deux ou trois fois sur les mêmes théâtres d’opération. Aujourd’hui, nous sommes aussi ensemble au combat, mais ce combat est d’une autre nature. Tout chef, lorsqu’il doit prendre des décisions importantes, est seul. J’ai connu, à plusieurs reprises, cette solitude des chefs. Dans certains cas, ils m’ont demandé de prier pour eux. Comme aujourd’hui, je prie pour toi. Mais il y a deux catégories de chef et deux sortes de solitude. Le premier est pendu au câble du téléphone et attend les directives venant d’en haut. Quelles que soient ces directives, il les accepte sans broncher, car il ne pense qu’à son avancement. Le second se met devant Dieu et sa conscience, et décide. Oui, je sais, ce n’est pas évident de prendre ce genre de décision, c’est même très dur d’assumer ainsi cette volonté qui pourrait être, et en général, elle est celle du Ciel. Elle vient toujours du Ciel, d’ailleurs, dès qu’il est question de vérité, de courage et d’honneur.

En voulant aujourd’hui punir et sanctionner les soldats – je les appelle « soldats », quel que soit leur grade parce qu’ils ont eu le courage d’aller au feu – tu revêts l’uniforme du premier, celui qui ne pense qu’à lui et son avancement. Es-tu fier ? Quel avancement, puisque tu es au sommet de la carrière militaire ! Je te plains sincèrement. Tu devras un jour en répondre devant Dieu, si tu es croyant. En attendant, tu pourras t’enorgueillir d’avoir cassé tes anciens qui n’avaient pour bouclier, face au pouvoir politique indigne, que leur honneur mué en un cri d’alarme. Et surtout tu pourras te complimenter d’avoir puni sous les feux de la rampe des soldats plus jeunes parce qu’ils avaient osé s’associer à ce cri de désespoir, à la vérité qu’il traduit. Tu pourras te vanter d’avoir en même temps jeté l’opprobre sur les Anciens et sanctionné des Jeunes, à cause de leur courage.

Jeune Nation : https://jeune-nation.com/actualite/actu-france/tu-devras-un-jour-en-repondre-devant-dieu-magnifique-reponse-du-pere-kalka-au-cema-lecointre


BRAVO PADRE.