Politique et Catholique : Le chrétien en politique par François P.

Le chrétien en politique

  1. Introduction historique de la Laïcité
    • a. Religion et politique dans la haute antiquité :

Au temps de l’antiquité, chez les païens comme les hébreux, c’est la théocratie ; il n’y a pas de distinction entre le domaine politique et religieux ; les grands prêtres sont également les chefs de cité, ou bien s’en remettent en permanence aux oracles ou aux religieux pour prendre des décisions importantes.  Il n’y a donc pas encore de concept de laïcité, il faut dire aussi que les hommes voient leurs dieux dans la nature qui les entoure et particulièrement dans les phénomènes qu’ils n’expliquent pas encore par la raison. Le chef se soumet aux signes de la nature qu’il interprète comme des signes divins, donc naturellement, ses sujets se soumettent au chef et ils ne tardent pas à le déifier également. Les héros de l’antiquité deviendront d’ailleurs des demi-dieux, de même que les descendants de Noé, Cham, Misraïm et ses fils seront les premiers dieux égyptiens (renvoie aux études de Fernand Crombette). Pourtant, la révélation biblique va mettre un terme à ces superstitions païennes, le récit de la création dans la Genèse explique que les astres, la mer et la terre ne sont pas des divinités qu’il faut craindre, mais des éléments au service de l’homme. « La Bible désacralise le monde, souligne Mgr Pierre Debergé. Le Soleil et la Lune ne sont plus des dieux qu’il faut vénérer mais des luminaires, ils servent à éclairer l’homme sur Terre et l’homme n’est plus soumis à leur volonté. »

b. De la raison Grecque à la laïcité

Aristote au IVème siècle avant Jésus Christ va théoriser la distinction du spirituel et du temporel. Il considère que l’homme est un animal politique par essence. “Car l’homme ne se définit pas moins par son caractère social et politique que par sa nature animale et raisonnable. Corps et âme, doué de facultés spirituelles, l’homme n’existe que par les sociétés qui le font vivre. S’il peut parler, communiquer, grandir physiquement, intellectuellement et moralement, c’est parce qu’il vit en société, au sein de communautés naturelles : celle de la famille, celle du village et des quartiers, celle des métiers. Mais parce que seule la cité politique apporte la suffisance et la paix, seule elle fournit le modèle de la société parfaite. Précisons immédiatement : dans l’ordre naturel” (politique d’Aristote, commentaire de Saint Thomas d’Aquin).

Aristote définit la théorie des quatre causes qui permettent de définir toute chose qui soit matérielle ou spirituelle. C’est une forme de reconnaissance d’un monde de la matière (introductif au développement des différentes sciences dont les grecs seront d’ailleurs les précurseurs avant d’être copiés par les arabes) et d’un monde du spirituel les deux ne se confondant pas.

  1. cause matérielle (la matière qui constitue une chose),
  2. cause formelle (l’essence de cette chose),
  3. cause motrice (le principe de changement),
  4. cause finale (ce « en vue de quoi » la chose est faite).

c. L’apport du Nouveau Testament

De nombreux messages du Christ amènent à la distinction du temporel et du spirituel, car plusieurs passages bibliques mentionnent le respect dû à l’autorité romaine païenne. Saint Paul dans l’Épître aux Romains (13,1) écrit : « Que chacun soit soumis aux autorités supérieures, car il n’y a d’autorité qu’en dépendance de Dieu, et celles qui existent sont établies sous la dépendance de Dieu ». Pour lui, le disciple du Christ doit accepter de se soumettre à condition que le pouvoir politique n’agisse pas en contradiction avec la loi divine, donc de manière juste.

La première lettre de saint Pierre va dans le même sens : « Soyez soumis à toute institution humaine à cause du Seigneur, soit à l’empereur, qui est le souverain, soit aux gouverneurs, qui sont ses délégués pour punir les malfaiteurs et reconnaître les mérites des gens de bien. » (2,13-14). L’Évangile opère donc ici, non pas une séparation entre le politique et le religieux, mais une distinction entre pouvoir temporel et spirituel. Rappelons-nous bien entendu la parabole du Christ lorsque les pharisiens tentant sans cesse de Le piéger lui demandent à qui doivent-ils payer l’impôt ; à César ou à Dieu, et que Notre Seigneur répondra ; “rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu”. Cet épisode est d’un enseignement majeur pour les chrétiens puisqu’il illustre la distinction de leur corps dont peut disposer César d’une certaine façon, et de leur âme qui revient à Dieu. De même en réplique à Pilate, Notre Seigneur lui dira “ Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi, s’il ne t’avait été donné d’en haut”. Les martyrs qui accepteront à leur tour la souffrance physique du corps vont imposer d’une certaine façon la laïcité chrétienne, puisqu’en donnant leur corps, ils rapprocheront leur âme de Dieu. Le martyr alors au milieu d’une société intégralement païenne n’ayant encore connu le bénéfice de la révélation chrétienne, agît de manière religieuse et militante en sacrifiant son corps. Du martyr chrétien des premiers siècles, poussé de force dans une fosse aux lions, jusqu’à la résistance vendéenne qui décidera de prendre les armes pour défendre ses prêtres et son Roi, il s’agit du même sacrifice, celui de l’homme prêt à mourir au nom de sa foi. Dans le premier cas il se sacrifie pour faire reconnaître ses Lois rappelons l’épitaphe du passage des Thermopyles « Étranger, va dire à Sparte Que nous gisons ici, ayant obéi à ses lois. »), dans le second il se bat pour les conserver, l’attitude de sacrifice ou de résistance à une forme d’oppression politique dépend donc de l’état spirituel de la société du moment.

d.       Bref parcours de la laïcité dans l’histoire de France

Saint Thomas d’Aquin reprendra d’ailleurs les quatre causes d’Aristote dans Les principes de la réalité naturelle. Saint Thomas d’Aquin, est un des premiers à distinguer la théologie naturelle et la théologie révélée. Il est parti en quête d’une intelligence de la foi, par la raison naturelle, en s’appuyant notamment sur la philosophie d’Aristote.

Saint Thomas d’Aquin va distinguer la vérité de l’être et la vérité de l’agir. La vérité de l’être est plus essentielle car l’action découle de l’être, en somme il faut être quelqu’un avant d’ambitionner de changer le monde. Par exemple, il est plus difficile d’être « réellement » chrétien que d’agir comme un chrétien, car l’agir est éphémère et un païen peut tout à fait agir comme chrétien à une occasion, ce qui n’en fait pas un chrétien ni un homme vertueux.

La doctrine catholique reconnaît la vocation naturelle de l’homme à s’organiser en société. La pensée grecque avait déjà défini que la fin de toute société humaine vertueuse était la recherche du bien commun. La doctrine catholique n’a pas vocation à supplanter la vertu naturelle de l’homme d’Etat, (le Roi n’étant pas un Prêtre) mais elle vient sublimer la nature politique de l’homme pour faire, à son aboutissement, d’un Monarque un lieutenant de Dieu. Saint Louis, en est sans doute la plus belle figure, et s’illustre en digne héritier de son ascendance Davidique, entre son don des écrouelles (« le roi te touche, Dieu te guérit ») et son attachement à la justice sociale, apprécions comme la nature qui rencontre la surnature, confine à la sainteté.

Malgré l’équilibre et l’apogée de la chrétienté du Moyen-âge, le concept de laïcité garde une géométrie variable. Tantôt les Papes veulent diriger la société, tantôt les Rois veulent diriger la religion. Quelques événements historiques en France; avant Grégoire VII (réforme grégorienne au XIème siècle), les Rois nommaient les évêques (Notons que le Président de la république le fait encore pour l’Alsace-Moselle encore sous concordat). Rappelons cet épisode historique: Henri IV (empereur du Saint-Empire romain germanique, au XIème siècle) qui déclare avec une assemblée d’évêques le Pape Grégoire VII “faux pape” et l’exhorte à démissionner, ce dernier qui en réponse va excommunier le Roi au titre de son pouvoir de Pape conféré par Dieu de “lier et délier sur terre comme au ciel”. S’en suivra un bouleversement politique et risquant de perdre sa légitimité, Henri se présentera finalement en habit de pénitent devant le château de Canossa où se trouvait le Pape, ce dernier lèvera l’excommunication après 3 jours. Le Roi reconnaît qu’il ne dispose pas de pouvoir sur le Pape.

En 1303, le pape Bonifacio VIII tient à conserver le principe de prééminence du Pape sur les Rois, du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel. Il s’oppose à la volonté de Philippe le Bel sur plusieurs sujets comme la création d’un impôt, appelé la décime, que le souverain veut lever sur les églises sans l’autorisation du Pape ; mais aussi à la possibilité pour le Roi de juger un évêque en cas de trahison…  Les conflits sont nombreux et le Roi obtient au fur et à mesure le soutien des évêques de France, il enverra ses représentants à la rencontre de Boniface VIII qui ne survivra pas longtemps à son traitement, le Pape suivant ne remettra plus en cause une décision royale. Les Papes se soumettent ensuite au pouvoir royal dans l’administration générale de l’Eglise de France, c’est le début du gallicanisme.

Le 18 août 1516, dans la foulée de sa victoire de Marignan, le roi François 1er conclut avec le pape Léon X un concordat qui annule la « Pragmatique Sanction » de Bourges, lequel régira les relations entre la France et le Saint-Siège jusqu’en 1790.

Ce texte, négocié par le chancelier Antoine Duprat, donne satisfaction au souverain pontife car il reconnaît sa suprématie sur les conciles nationaux. Mais il satisfait aussi le roi en lui donnant le droit de nommer les titulaires des sièges ecclésiastiques dans son royaume (abbés, évêques, archevêques), par une extension du régime de la « commende ». Cette disposition va introduire dans l’Église de France une division entre un haut clergé composé de courtisans et un bas clergé pauvre et mal loti. (12 juillet 1790 – Une Constitution civile pour le clergé – Herodote.net)

Nous sommes là dans un système où le Roi désigne, et le Pape approuve, mais ce dernier garde l’autorité religieuse suprême. Néanmoins, la fin du Moyen Âge et le début de la Renaissance marque les velléités des Princes à renforcer leur pouvoir et leur contrôle notamment sur le clergé pour avoir une plus grande autonomie vis à vis du Saint Père.

Après la révolution, viendra la constitution civile du clergé (12 juillet 1790) qui sera soutenue par les jansénistes et les gallicans; ainsi les évêques seront élus par la république, mais la différence importante réside dans le fait qu’il s’agit désormais d’un régime anticatholique, le chef d’Etat n’est plus loin s’en faut un “Lieutenant de Dieu”.

Ce ralliement à la république fait pourtant suite à la nationalisation des biens de l’Église , et à la dissolution des ordres religieux contemplatifs le 13 février 1790. Après avoir beaucoup hésité, le Roi Louis XVI approuve la constitution civile du clergé le 22 juillet 1790, cette dernière fixe une rémunération du clergé français, mais refuse d’en référer au Pape pour les nominations comme c’était encore le cas jusqu’alors. Le lendemain, le Roi reçoit l’avis du Pape Pie VI qui condamne en bloc la constitution civile du clergé, mais c’est déjà trop tard. Voyant cela, l’assemblée exigera un serment de fidélité de la part du clergé à la révolution, les évêques et la moitié des curés s’y opposent, on les appelle alors les réfractaires en opposition aux prêtres jureurs. Les réfractaires seront persécutés et déportés, ce sera la première pierre à l’édifice sanguinaire des totalitarismes du XXème siècle. Pie VI meurt à Valence, prisonnier du Directoire républicain notamment pour ses positions anti moderniste et anti judaïques. Rappelons que l’Assemblée Nationale de France tout en renversant l’Eglise catholique a libéralisé la situation des juifs, dont l’élite bourgeoise prônait déjà les lumières et le libéralisme dans les loges anglaises et allemandes, là même où fut théorisée la révolution dite française, Pie VI l’a d’ailleurs dénoncé à ses dépens.

Enfin, l’avènement de Napoléon Bonaparte comme Premier Consul (novembre 1799) et l’élection du pape Pie VII (mars 1800) changent la situation. Bien que Napoléon s’érige en “messie” de la révolution, il souhaite pacifier la France à l’intérieur, il en a besoin, pour servir son projet impérial de marcher sur l’Europe qui continuera donc de la saigner à l’extérieur de nos frontières. La révolution en France a déjà triomphé, elle a besoin désormais de s’exporter en Europe et d’abattre les dernières couronnes catholiques : Espagne, Autriche, Russie, Pologne, etc. Voilà le fruit de la “liberté religieuse” du concordat Napoléonien.

Devant tant d’errances politiques et le sentiment d’abandon des catholiques d’Europe, les souverains Pontifes vont réagir. Au XVIIIème siècle, jusqu’à Vatican 1, les Pontifes vont prendre conscience que l’Eglise n’a pas besoin de gouverner les hommes ni besoin de leurs richesses, car sa seule vraie richesse est le Christ, Elle seule peut demeurer un halo dans l’obscurité des révolutions anti catholiques qui se répandent en Europe. Elle réaffirme avec vigueur les principes de laïcité chrétienne et de foi catholique, pour que les catholiques ne se perdent pas dans les dérives modernes de la démocratie et du libéralisme qui émergent.

Le pape Pie IX convoque le concile du Vatican qui réunit sept cents évêques le 8 décembre 1869 dans la perspective de « trouver les remèdes contre les si nombreux maux qui oppressent l’Église », aucun empereur n’est alors convoqué comme c’était le cas auparavant (concile de Nicée, de Trente) … Ainsi le lien entre spirituel et temporel est bien séparé jusqu’à Pie X. L’Eglise réaffirme son plein pouvoir sur le spirituel (affirmation de l’infaillibilité pontificale,etc) et ne fait pas d’ingérence dans le temporel (politique).

Pie X ne sera finalement pas hostile à l’égard de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905, car selon lui elle obligera les fidèles à être plus zélés et comprendre que le royaume qui les attend n’est pas de ce monde, il ne faut pas attendre d’un gouvernement ou d’un autre qu’il apporte le paradis sur terre, comme peuvent le hâter les mahométans et les juifs qui partagent le même messianisme qui leur permettra de soumettre les mécréants pour les uns et les gentils pour les autres.

Mais la non-ingérence politique sera de courte durée, puisque Léon XIII son successeur, autorise les catholiques français à se rallier à la République, et Pie XI continuera avec la condamnation de l’action française, et condamnera aussi les cristéros (1929, paysans catholiques s’insurgeant contre une dictature socialiste franc-maçonne au Mexique, c’est la Vendée Mexicaine).

Enfin, PIE XI après avoir rappelé que les régimes communistes étaient « intrinsèquement pervers » et que « l’on ne peut admettre sur aucun terrain la collaboration avec lui de la part de quiconque veut sauver la civilisation chrétienne », mènera tout de même une politique diplomatique de détente des relations avec les chrétiens vivant dans le bloc communiste initiée notamment après Vatican II “Ostpolitik du Saint-Siège”.

Nous avons là constaté les antagonismes au cours de l’histoire de France entre les ordres religieux et politiques…

Où donc se trouve la vérité et quelle attitude le catholique doit-il tenir vis-à -vis des systèmes politiques ?

Puisqu’il n’y a finalement pas de plus belle vérité dans l’histoire de l’homme, il est raisonnable d’écouter et de suivre la doctrine catholique pour l’organisation de toute société vertueuse.

2. Concepts philosophiques et religieux des systèmes politiques

a. La Cité Catholique

“Deux amours ont bâti deux Cités : celle de la terre par l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, celle du ciel par l’Amour de Dieu jusqu’au mépris de soi” St Augustin

St Thomas rappelle que la première société est la famille. La famille a une structure naturelle et inaliénable qui vise le bien commun. Le Seigneur a créé en tout premier lieu une famille et non une société, qui par la multiplication est devenue une multitude de familles qui fonda ensuite une multitude de sociétés. La société est donc inférieure à la famille dans l’ordre des hiérarchies naturelles. Contrairement aux doctrines républicaines, l’enfant n’appartient pas d’abord à l’Etat, pas plus que l’homme ne se soumet au contrat social selon Rousseau. Les sociétés ne sont et ne doivent qu’être des résultantes de groupes de familles partageant un destin commun et désirant à ce titre faire société. Bientôt nous verrons que ces sociétés sombrant dans l’idolâtrie finiront par vouloir s’unir et n’en faire qu’une, c’est le projet de Babel que Dieu détruira pour enfin faire comprendre à l’homme que les nations doivent se disperser et ne pas œuvrer à un ordre mondial unique dont les fruits sont délétères.

La famille est donc supérieure à la société. Et la société pour être légitime doit donc être au service des familles. Ainsi, l’homme d’Etat juste doit viser le bien commun. A l’école Stoïcienne, (philosophie hellénistique fondée par Zénon de Kition à la fin du IVe siècle avant notre Seigneur Jésus Christ à Athènes), le sage homme doit chercher la vertu, ce qui se traduit pour un homme d’Etat à chercher le bien commun, cette philosophie qui prônait aussi la maîtrise des passions humaines, s’illustre notamment parmi des sages de l’empire romain tels que Marc-Aurèle et formera le bon creuset pour accueillir l’esprit catholique. Le bien commun n’est pas la somme des intérêts particuliers qui est un concept libéral et démocratique, elle n’est pas non plus un lieu égalitariste et libertaire. On pourrait dire que la famille n’est ni libérale ni socialiste, elle est naturelle. Au contraire du concept fallacieux d’égalité, le père et la mère sont complémentaires, chacun apportant une contribution différente à l’équilibre familial, ils ont un destin commun qui est de fonder une famille en élevant leurs enfants. Il y a donc une distinction entre la recherche d’un bien commun à la famille, et l’addition de l’intérêt propre de chaque individu de cette famille, ce deuxième concept ne mènera pas à priori à une communauté de destin et donc au bien commun, mais à l’individualisme contraire à l’esprit de famille, ou encore “la maximisation du bonheur de chacun” qui est un concept fallacieux.

Saint Thomas distingue la nature et la surnature, cette seconde étant la nature rehaussée par la grâce. Un homme peut donc faire preuve de vertus naturelles, indépendamment de sa foi catholique, ce peut être le cas d’un homme païen ou d’un hérétique. L’Etat quand bien même ne serait pas catholique peut être juste, à l’image de certains empereurs romains attachés aux concepts de justice, de vérité et de sagesse. Dans cette condition, il n’est pas justifié pour le catholique de chercher à renverser l’Etat pour y substituer un Etat catholique, de même lorsque l’Etat devient tyrannique, comme dans l’empire romain, où les républiques et les tyrannies s’alternent sans cesse, les assassinats de tyrans ont souvent laissé place à des tyrans pires encore. En sommes, dès lors que le catholique n’est pas menacé dans sa Foi, il n’est pas légitime à vouloir renverser l’Etat, pour autant il est fondé à participer à l’œuvre politique pour y infuser la doctrine catholique.

b. Qu’est-ce qu’une politique vertueuse ?

Nous verrons plus loin, que les révolutions progressistes et anticatholiques auront bien compris à quel point il était nécessaire de déconstruire méthodiquement l’ordre naturel établi pour imposer un ordre nouveau. Nous pouvons donc en conclure que l’ordre révolutionnaire est par essence un ordre antinaturel. Lorsque le noyau familial sera détruit, alors les peuples perdront leur communauté de destin, Marcel De Corte, philosophe belge, appelle cela la « dissociété ». La disparition du bien commun selon Gustave THIBON, philosophe français du XXème siècle mène au totalitarisme. Selon Gustave Thibon, pour détruire une société, il suffit d’introduire des individus qui ne partagent plus la même communauté de destin, il faut aussi introduire le divorce qui permet de détruire la famille et progressivement la société par la base.

Selon Aristote, il n’y a pas de régime idéal, ce qui détermine le meilleur régime est la vertu de ceux qui le dirigent. Saint Thomas (petite somme politique) définit que le meilleur régime pour la France est un régime mixte, soit la complémentarité de la Monarchie, de l’Aristocratie, et de la démocratie (ou petites républiques). Il faut dire que c’est l’organisation de l’ancien régime à son apogée, un Roi absolu (du latin absolutus signifie indépendant et non vulgairement “tout puissant”), avec des fonctions de l’Etat limitées au régalien (diplomatie, ordre public, justice), une aristocratie de mérite et de service que l’on pourrait assimiler à l’exercice du pouvoir des parlements régionaux, enfin des démocraties locales et directes dans les communes. En effet, le peuple sous l’ancien régime votait bien plus souvent que nous à l’échelle de sa commune, et donc de ce qui le touchait directement, c’est l’application de la subsidiarité comme l’a défini Saint Thomas.

Le Roi de France avait principalement une fonction d’arbitrage et de justice sociale, Charles Maurras (Écrivain, poète, homme politique d’Action Française) dira avec provocation, « la Monarchie, c’est l’Anarchie + 1 » ; disons pour le moins un régime décentralisé autant que possible, avec la démocratie en bas, et l’autorité en haut.

Dans l’antiquité, le « subsidium » était une méthode d’organisation militaire mais c’est Aristote qui, dans Les Politiques est à l’origine de la notion de subsidiarité. Il décrit une société organique « La Cité » au sein de laquelle s’emboîtent hiérarchiquement des groupes : familles – villages, chacun de ces groupes essayant d’être autosuffisants.

Saint Thomas d’Aquin, qui comprend l’autorité comme un service, une suppléance, un secours, reprendra à son compte ce principe avec une nuance importante : la subsidiarité est au service de la personne.

Dans le droit canon (d’un mot grec qui signifie loi, règle, modèle), ce principe d’aide énonce que c’est une erreur que de laisser faire à un niveau supérieur, ce qui peut être fait à un niveau inférieur. Prenons un exemple contemporain pour la Suisse qui est une fédération, une multitude de républiques à petites échelles et décentralisées ont fait de ce petit pays à priori sans grandes ressources naturelles, ni accès maritime, une nation d’élite (niveau de vie, éducation, économie…). En revanche, gageons comme le recommande St Thomas d’Aquin, que la France ne se relèvera pas sans retrouver une Monarchie tempérée par une Aristocratie vertueuse qui vise le bien commun. Nous parlons pourtant de politique et donc de profane, mais là encore, l’intelligence de la doctrine catholique en fait la seule religion raisonnable et rationnelle, elle prend l’homme tel qu’il est et le guide vers la vertu, ce qui la distingue de toutes les autres hérésies ; la judaïque avec son élitisme racialiste, la protestante libérale, ou l’islamique théocratique.

Il n’y a pas de régime politique parfait, mais de mieux adaptés ou de “moins pire” selon les territoires et les cultures.

On retiendra donc l’idéal du régime mixte respectueux des compétences et dispositions de chacun tel que Dieu l’a voulu, organisé dans une hiérarchie saine et naturelle. Dans une telle société, l’Etat doit donc avoir une place réduite aux fonctions régaliennes, et idéalement participer à l’équité sociale. L’homme moderne si inspiré par l’écologie devrait pourtant s’apercevoir, que dans la nature, il n’existe aucune égalité, notamment chez les animaux dits « sociaux » où les rôles et hiérarchies sont essentiels à leur survie.

Qu’à cela ne tienne, l’idéologie républicaine flatte les faiblesses humaines pour promettre aux petits la grandeur qu’ils espèrent toujours, mais c’est l’utopie de l’égalité qui fait encore bien du mal dans nos relations sociales. La femme se veut l’égale de l’homme, le salarié l’égal du patron, l’enfant l’égal de l’adulte, il en résulte la « dissociété », dans laquelle plus personne ne trouve finalement sa juste place à force de s’être abreuvé « d’envie, de jalousie et d’individualisme ».

c. La démocratie et la promesse d’un monde plus libre, plus égalitaire et plus fraternel 

Royer Collard (député français 1763-1845) disait : « Nous avons vu la vieille société périr et, avec elle, cette foule d’institutions domestiques et de magistratures indépendantes qu’elle portait dans son sein, faisceaux puissants de droits privés, vraies républiques dans la monarchie. Ces institutions, ces magistratures ne partageraient pas, il est vrai, la souveraineté ; mais elles lui opposaient partout des limites que l’honneur défendait avec opiniâtreté. Pas une n’a survécu et nulle autre ne s’est élevé à leur place. La Révolution n’a laissé debout que des individus… Spectacle sans exemple. On n’avait pas encore vu que dans les livres des philosophes une nation ainsi décomposée et réduite à ses derniers éléments. De la société en poussière est sortie la centralisation… En effet, là où il n’y a que des individus, toutes les affaires qui ne sont pas les leurs sont des affaires publiques, des affaires de l’Etat… C’est ainsi que nous sommes devenus un peuple d’administrés ».

La république a voulu détruire cette ancienne France hérissée de libertés et de privilèges, de diversités culturelles et de corporatismes pour en faire une structure technocratique uniformisante. Sous l’ancien régime, rien ne ressemble moins à breton, qu’un gascon, ou qu’un alsacien, chacun parle sa langue régionale, et défend fièrement son blason. Ils sont plus bretons ou poitevins que français sans aucun doute, mais ils sont non seulement catholiques mais sujet du Roi de France malgré leurs différences. Le féodalisme est une forme de décentralisation et de subsidiarité, les hommes défendent leurs terres et leurs traditions, le Roi fait face à d’importants contres pouvoirs avec lesquels il doit composer. Il n’y a pas de conscience nationaliste à proprement parlé, la nation est une émanation abstraite amenée par la révolution pour se substituer à la France des provinces et des libertés. La destruction progressive des corps intermédiaires entre les hommes et l’Etat, les familles, les corporations de métiers, les associations, les parlements régionaux, les langues et traditions, l’homme se retrouvera de plus en plus seul et fragile devant un Etat qui sera de plus en plus puissant. Chaque gouvernance autrefois décentralisée se concentrera progressivement entre les mains de l’Etat. L’individu désormais seul et désorganisé, sans structure familiale, associative, corporative, professionnelle va réclamer de lui-même plus d’Etat, plus de protection, ce sera donc la naissance de l’Etat providence. Quelle aubaine pour un Etat craignant pour se maintenir des individus libres et autonomes, responsables et instruits, il en aura fait des hommes déresponsabilisés et donc dépendants de sa « bonne providence ». L’époque que nous connaissons ne fait que nous montrer l’état de servilité dans laquelle les peuples ont été rendu et son apathie devant la confiscation de nos libertés fondamentales ; mesures covid, dénis démocratiques, injustices, mais aussi l’œuvre permanente de confiscation de ce que nous possédons par l’administration sclérosante, la fiscalité confiscatoire, etc.

Nous le verrons, la destruction de la propriété fait aussi partie du projet permanent de ce nouvel ordre mondial.

Il faudra donc un Etat toujours plus fort pour tenter de maintenir par la contrainte ce qui n’a plus d’homogénéité ou de communauté de destin, c’est l’apogée de l’Etat sécuritaire. Ce dernier est réclamé pour maintenir par la force ce qui ne peut se faire naturellement, c’est donc un ordre artificiel, alors que des sociétés homogènes et partageant transcendance et communauté de destin peuvent vivre ensemble dans l’harmonie. C’était le cas dans la France médiévale. La perte de la transcendance est la fin ultime de la société selon Marcel De Corte. La dissolution de la société avait déjà été théorisée par la réforme protestante, amorcée à la Renaissance et se révèlera à la révolution, ce sont les fameux trois “R” qui ont participé d’un projet commun.

Toute l’histoire contemporaine de la vieille Europe, est marquée par l’évolution du mouvement révolutionnaire qui va de 1789 au bolchévisme. C’est toute l’œuvre d’une bourgeoisie cosmopolite qui parviendra dans ses loges secrètes à la séduction des élites de la finance et de l’industrie pour imposer son projet sanguinaire ; Liberté-Egalité-Fraternité (ou la mort dans la devise de l’époque, mais faisait tâche sur les Mairies), il s’agit donc du projet totalitaire des droits de l’homme et du citoyen (qui est l’homme? Qui est le citoyen?). Mais nous verrons que cela n’aurait été possible sans la naïveté des catholiques qui se laisseront entraîner dans les utopies du fameux monde plus juste.

Les systèmes révolutionnaires répondent toujours d’une même logique ; celle de flatter les passions des envieux afin de débarrasser des élites gênantes ou des autorités supérieures, c’est renverser les ordres supérieurs par les ordres inférieurs. C’est bien sûr nier la nécessaire hiérarchie entre les hommes, celle qui est méritée et celle qui est voulue par le Créateur.

d. Synthèse historique des trois R : Réforme-Renaissance-Révolution

La démocratie libérale prend ses racines dans les réformes protestantes qui ont voulu détruire l’autorité du Pape, et permettre la création d’états-nations, “modernes” et d’une élite censée être capables d’interpréter les saintes écritures sans l’autorité de l’Eglise. Ainsi progressivement, le protestantisme deviendra à partir du XVIème siècle, la religion la plus importante au nord de l’Europe, dans les Pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède) dans les pays baltes (surtout en Estonie et Lettonie), le nord de l’Allemagne, en Grande-Bretagne et en Irlande du Nord.

Au XVIIème siècle la révolution en Angleterre après la dictature Cromwell fera rouler la première tête de Roi, ensuite en France et les guerres fratricides en Europe, les dictatures et les mouvements “sociaux” contemporains n’en seront que l’héritage, la commune, Mai 68, féminisme, etc. Les révolutions se feront au nom de la démocratie et c’est pourquoi il faudra couper les têtes des Rois catholiques, ensuite saper les familles et donc enfin réduire les sociétés à des ensembles d’individus sans attache.

Les sociétés protestantes pourront ainsi s’affranchir du catholicisme social et libérer tout le pouvoir de la finance préparant des révolutions agricoles et ensuite industrielles. Ensuite naîtront les premières sociétés secrètes partageant des intérêts financiers, économiques, politiques, idéologiques et philosophiques qui prépareront les révolutions européennes par la corruption des élites. Les sociétés secrètes des lumières s’accommodent largement des bourgeoisies étrangères protestantes et judaïques, que l’ancien régime avait écartées de la vie économique et politique, car elles défendent une même idéologie de l’homme devant libérer des vieux carcans catholiques qui empêchent l’avènement des sociétés libérales qui veulent concentrer les capitaux et asservir les hommes.

Pour convaincre la société catholique il faudra que les philosophes des lumières usent de malice et ne s’affirmeront pas foncièrement anticatholique bien sûr, mais plutôt admiratifs des progrès du protestantisme. Ce qui est bien sûr pure hérésie, et il fallait bien que la Renaissance ait préparé le terrain par le retour aux admirations antiques et gnostiques des premiers siècles.

Citons Honoré de Balzac (XIXème): “Sais-tu, mon enfant, quels sont les effets les plus destructifs de la Révolution ? tu ne t’en douterais jamais. En coupant la tête à Louis XVI, la Révolution a coupé la tête à tous les pères de famille. Il n’y a plus de famille aujourd’hui, il n’y a plus que des individus. En voulant devenir une nation, les Français ont renoncé à être un empire. En proclamant l’égalité des droits à la succession paternelle, ils ont tué l’esprit de famille, ils ont créé le fisc ! Mais ils ont préparé la faiblesse des supériorités et la force aveugle de la masse, l’extinction des arts, le règne de l’intérêt personnel et frayé les chemins à la Conquête. Nous sommes entre deux systèmes : ou constituer l’État par la Famille, ou le constituer par l’intérêt personnel : la démocratie ou l’aristocratie, la discussion ou l’obéissance, le catholicisme ou l’indifférence religieuse, voilà la question en peu de mots.”

e.    Une république laïque ?

La liberté de s’affranchir des Lois de Dieu, l’égalité pour détruire les hiérarchies naturelles et justes voulues par le Créateur et attiser envies et jalousies parmi les hommes, enfin la fraternité à ne pas confondre avec la charité catholique, n’est que l’union des peuples pour la révolution internationale ; et bientôt le franc-maçon Napoléon se disant lui-même « messie » de la révolution, saignera la France dans des guerres qui viseront à la destruction des dernières monarchies chrétiennes d’Europe (Autriche, Russie…) pour faire place à un nouvel ordre après avoir détruit l’ancien (Ordo ab chaos ; devise de la franc maçonnerie). Outre la destruction des ordres établis et naturels, cette révolution fera 600 000 morts parmi le peuple, on estime seulement à 5/10 % la part d’aristocrates. Le vrai dessein de cette révolution n’était pas une pseudo abolition de privilèges qui oppressaient le peuple, mais bien de passer à un ordre nouveau, plus libéral, affranchi de Dieu et des hiérarchies naturelles, pour mieux donner le pouvoir à l’argent et à la bourgeoisie. C’est la vengeance des pharisiens qui veulent à nouveau adorer le veau d’or, et lever les garde-fous sur l’économie et la finance imposés par la monarchie.

Il en résulte une coupure radicale entre la république et les catholiques, elles seront dès lors inconciliables puisque cette révolution s’est posée en nouvelle religion. Mais enfin qu’est-ce que la laïcité républicaine ?

Elle s’illustre un lundi 21 janvier 1793 à 10 h 22.

Les soldats battent tambour pour couvrir les “vive le Roi” d’une foule qui ne comprend toujours pas le triste spectacle auquel elle assiste ; c’est la tête de Louis XVI qui est séparée de son corps comme pour mieux couper la France de sa destinée providentielle. En effet, loin d’être athée, cette république naissante veut au contraire s’accaparer du sacré qui a gouverné la France durant 14 siècles, ainsi les soldats plongeront leurs lances et leurs chiffons dans le sang sacré du Roi pour en asperger la foule. La France est née d’un baptême, la république doit naître d’un anti-baptême, d’un acte blasphématoire. C’est du passé diront les naïfs !

La Macronie ne s’est-elle pas à nouveau permis de célébrer cet évènement lors de la cérémonie des JO, en plus de blasphémer la Cène, si les français ont oublié leur histoire, la république, elle n’a pas oublié dans quelles conditions elle est née !

La république n’en est pas à son coup d’essai, elle est friande de cérémonies pathétiques ;

A l’été 1794, au champ de mars à Paris, quatre taureaux tractent un char sur lequel trône une statue allégorique des arts et métiers, le convoi se dirige vers une “montagne sacrée”, sur laquelle est planté l’arbre de la liberté symbole d’union nationale, une prostituée fait office de déesse liberté, la colonne antique surmontée d’une statue androgyne tenant un flambeau, qui deviendra bientôt la statue de la liberté.

La fusion de l’androgyne Baphomet et du porteur de lumière Lucifer, la république a trouvé ses idoles et rend un culte national à l’être suprême devant une foule ébahie par ce faste hautain et ce rituel à l’antique. D’ailleurs il ne s’agissait pas d’une lubie passagère, puisque le monument des droits de l’homme érigé par la ville de Paris pour le bicentenaire de la révolution, est une œuvre purement ésotérique, accumulant symboles maçonniques issus de la cabale juive, et égyptienne.

Bref, Rousseau le dira, la république est une religion d’État, la république est d’un intérêt supérieur à la France elle-même. Notez comme la république passe toujours en premier dans les discours présidentiels ; vive la république et vive la France. Cette république qui se dit laïque, ne l’est donc pas du tout, elle est en revanche très laxiste avec l’islam et bien soumise au judaïsme ; combien de députés pour fêter Hanouka, combien de manifestations publiques, alors que les crèches de Noël sont devenues prohibées dans les espaces publics. Si la France de Clovis ne l’est plus, la république est, elle toujours fidèle aux promesses de son anti baptême ; foncièrement anticatholique mais « pro hérétique ».

Le XIXème siècle mettra la France dans le chaos social. Les idéologies s’affrontant en apparence, socialisme et capitalisme ne feront que déplorer chacun les conséquences de l’autre, alors qu’ils adorent tous les mêmes causes, la destruction des ordres naturels et traditionnels. Ainsi ces deux utopies techniciennes sont les deux faces d’une même pièce, celle que Notre Seigneur Jésus Christ à demander aux pharisiens de rendre à César, comme pour présager, que la place du chrétien n’est pas de se confondre dans ce règne de l’argent qui souille tout ce qu’il approche.

Nous verrons plus loin au chapitre des aspects économiques, tout l’apport de l’encyclique de Léon XIII à l’égard de la condition sociale des ouvriers. Voyons dès à présent l’apport de la lettre au Sillon donnée par Pie X en réaction à la subversion libérale et démocratique du XVIIIème siècle, laquelle s’est trouvée toucher également une frange non négligeable de catholiques.

 Donné à Rome, près de Saint-Pierre le 25 août 1910

« Vénérables Frères,

Salut et Bénédiction Apostolique.

Notre charge apostolique nous fait un devoir de veiller à la pureté de la foi et à l’intégrité de la discipline catholique, de préserver les fidèles des dangers de l’erreur et du mal, surtout quand l’erreur et le mal leur sont présentés dans un langage entraînant, qui, voilant le vague des idées et l’équivoque des expressions sous l’ardeur du sentiment et la sonorité des mots, peut enflammer les cœurs pour des causes séduisantes mais funestes. Telles ont été naguère les doctrines des prétendus philosophes du XVIIIe siècle, celles de la Révolution et du libéralisme tant de fois condamnées ; telles sont encore aujourd’hui les théories du Sillon, qui, sous leurs apparences brillantes et généreuses, manquent trop souvent de clarté, de logique et de vérité, et, sous ce rapport, ne relèvent pas du génie catholique et français.

(…)

C’était au lendemain de la mémorable Encyclique de Notre prédécesseur, d’heureuse mémoire, Léon XIII, sur la condition des ouvriers. L’Église, par la bouche de son chef suprême, avait déversé sur les humbles et les petits toutes les tendresses de son cœur maternel, et semblait appeler de ses vœux des champions toujours plus nombreux de la restauration de l’ordre et de la justice dans notre société troublée. Les fondateurs du Sillon ne venaient-ils pas, au moment opportun, mettre à son service des troupes jeunes et croyantes pour la réalisation de ses désirs et de ses espérances ? Et, de fait, le Sillon éleva parmi les classes ouvrières l’étendard de Jésus-Christ, le signe du salut pour les individus et les nations, alimentant son activité sociale aux sources de la grâce, imposant le respect de la religion aux milieux les moins favorables, habituant les ignorants et les impies à entendre parler de Dieu, et souvent, dans des conférences contradictoires, en face d’un auditoire hostile, surgissant, éveillé par une question ou un sarcasme, pour crier hautement sa foi. C’étaient les beaux temps du Sillon ; c’est son beau côté qui explique les encouragements et les approbations que ne lui ont pas ménagés l’épiscopat et le Saint-Siège, tant que cette ferveur religieuse a pu voiler le vrai caractère du mouvement sillonniste.

Car, il faut le dire, Vénérables Frères, nos espérances ont été, en grande partie, trompées. Un jour vint où le Sillon accusa, pour les yeux des clairvoyants, des tendances inquiétantes. Le Sillon s’égarait. Pouvait-il en être autrement ? Ses fondateurs, jeunes, enthousiastes et pleins de confiance en eux-mêmes, n’étaient pas suffisamment armés de science historique, de saine philosophie et de forte théologie pour affronter sans péril les difficiles problèmes sociaux vers lesquels ils étaient entraînés par leur activité et leur cœur, et pour se prémunir, sur le terrain de la doctrine et de l’obéissance, contre les infiltrations libérales et protestantes.

Les conseils ne leur ont pas manqué, les admonestations vinrent après les conseils : mais nous avons eu la douleur de voir et les avis et les reproches glisser sur leurs âmes fuyantes et demeurer sans résultat. Les choses en sont venues à ce point que Nous trahirions notre devoir si nous gardions plus longtemps le silence. Nous devons la vérité à nos chers enfants du Sillon, qu’une ardeur généreuse a emportés dans une voie aussi fausse que dangereuse. Nous la devons à un grand nombre de séminaristes et de prêtres que le Sillon a soustraits sinon à l’autorité, au moins à la direction et à l’influence de leurs évêques. Nous la devons, enfin à l’Église, où le Sillon sème la division et dont il compromet les intérêts. »

3. Aspects économiques

a. Les représentations professionnelles

Lisons Henri Charlier : « Les corporations, en 1789, avaient besoin d’une réforme : on les supprima, et ce fut le peuple des ouvriers qui en souffrit le plus ; car, bien entendu, lorsque la Révolution supprima les corporations, elle confisqua leurs biens, fonds de prévoyance, caisses de chômage, fondations de lits dans les hôpitaux, comme on a confisqué depuis, en 1904, les caisses de retraite de prêtres âgés et les fondations de messes ; telle est la manière impitoyable des légistes. Et tout fût dilapidé, comme les biens des collèges et des universités et les biens du clergé. Les ouvriers parisiens, privés de ce secours mutuel que leur procuraient les corporations et inquiets de cet isolement qu’on appelait liberté réclamèrent dès 1791 le droit de se réunir dans un but d’assistance mutuelle en cas de chômage ou maladie. »

 La révolution dite française dans son ambition de détruire l’ordre traditionnel et catholique se chargera donc de détruire non seulement la religion catholique mais aussi l’ordre naturel de la famille. Ce sera en effet l’une des conséquences désastreuses de la destruction des corporations de métiers qui assuraient la sécurité des métiers et l’équilibre des familles. L’histoire de France nous donne d’excellents exemples d’application de l’ordre naturel et catholique dans la société, lisons Marie Madeleine Martin, Régine Pernoult, Claire Colombi ou encore Marion Sigaut qui réhabilitent 1000 ans de périodes médiévales pour en finir avec le mal nommé « moyen-âge » comme s’il s’agissait d’un âge moyen, alors qu’il s’agit de l’apogée du christianisme et un ordre social équilibré et bien plus moderne que l’on veut nous faire croire ! En effet, les corporations assuraient des horaires de travail limités et respectueux des femmes et des enfants, toutes les fêtes chômées, des privilèges spéciaux par corps de métiers, des aides financières pour les accidents de travail, etc. Louis XV en son temps entendit les plaintes du peuple anglais déjà soumis à l’esclavage industriel des puissances d’argent dans la complicité bienveillante de la couronne anglaise usurpatrice. Il faudra donc qu’une révolution des puissances d’argent puisse enfin renverser la couronne de France pour s’atteler ensuite à la destruction de l’ordre social catholique traditionnel et du travail notamment par les terribles lois le Chapelier et d’Allarde de 1791 qui ont permis l’exploitation du petit peuple. Ainsi la république interdit aux ouvriers de s’associer, diminue les salaires et oblige les femmes et enfants aux travaux pénibles dans des journées de 14 heures de travail pour compléter les salaires des pères de famille. Elle spoliera les patrimoines de l’Eglise et des corporations, supprimera les fêtes chrétiennes, institua le décadi (semaine de 10 jours de travail permettant d’abolir le jour du seigneur par la même occasion). Voici l’application de l’humanisme des lumières « Le temps c’est de l’argent » selon la formule de Benjamin Franklin ; voici quelques fruits de cette révolution censée libérer le peuple opprimé, la révolution qui devait affranchir l’homme n’a affranchit que le capital, et fait finalement le lit du capitalisme le plus mortifère pour enfin entrer dans une ère industrielle où l’homme n’est plus le centre de la création, mais où il sera soumis à la machine et au capital.

La preuve par l’exemple est faite à nouveau, de démontrer la nécessité pour une société d’appliquer les enseignements catholiques pour garantir la protection, les libertés et l’épanouissement des familles. Les sociétés catholiques ne sont-elles pas celles qui ont permis de faire émerger les plus grandes avancées scientifiques, n’ont-elles par permis à l’occident catholique de régner sur le monde ? Et cela tout en abolissant les excès de l’esclavage et des conditions des femmes et des enfants qui étaient les grands souffrants des sociétés antiques.

Certains diront ; c’est le progrès inexorable du temps, pourtant, l’histoire de la vieille Europe est là pour témoigner du contraire ! Il y a une véritable intelligence du christianisme dont les enseignements sont les seuls raisonnables, et en harmonie avec la nature des hommes. En effet, les révolutionnaires anticatholiques si bien inspirés des croyances antiques, qu’elles soient paganisme, cabale judaïque, ésotérisme égyptien, et n’ont pas manqué l’écueil de faire retomber le peuple français dans l’exploitation des plus faibles et l’injustice ; quel progrès !

Après 100 ans de république, le peuple français est exsangue, il a perdu de nombreuses libertés, professionnelles, associatives, toutes les avancées sociales, notamment de Louis XVI ont été balayées par la convention. Rappelons qu’en 1800, sur les conseils d’une poignée de banquiers privés, Bonaparte crée la Banque de France et confie donc la création monétaire à des banques privées, la finance peut enfin asservir la France par la création monétaire et donc l’émission de dette.

Peu de temps après, les français subiront les affres d’une ère industrielle anti sociale et avilissante autant pour les hommes que pour les femmes et les enfants.

Lisons Antoine Blanc de Saint Bonnet (né en 1815 philosophe et sociologue français, appartenant au courant contre-révolutionnaire, antilibéral, précurseur du catholicisme social.): « Vu l’état où le voltairianisme et les gouvernements ont mis les masses, la République, c’est la démocratie ; la démocratie, c’est le socialisme ; et le socialisme, c’est la démolition de l’homme… Le socialisme n’est que la religion de l’Envie… Par l’effet de sa chute, l’homme est à l’état d’envie. Quand le peuple entendit pour la première fois ces mots : la propriété, c’est le vol, il a senti le raisonnement justificateur de ce qui sommeillait en lui depuis qu’il a perdu sa Foi. Et la conscience ainsi faite, il a marché d’un trait dans la Révolution… Le socialisme est plus facile que la civilisation…et consiste à consommer ce que les siècles ont recueillis… »

Le pape Léon XIII (1810-1903) inaugura une encyclique de la doctrine sociale de l’Eglise, publiée le 15 mai 1891, Rerum Novarum signifie « des choses nouvelles » ; elle se veut donc contemporaine de son temps et source d’inspiration pour les hommes politiques.

« L’autorité paternelle ne saurait être abolie ni absorbée par l’Etat, car elle a sa source où la vie humaine prend la sienne. Les fils sont quelque chose de leur père ; ils sont en quelque sorte une extension de sa personne ; et, pour parler avec tristesse, ce n’est pas immédiatement par eux-mêmes qu’ils s’agrègent et s’incorporent à la société civile, mais par l’intermédiaire de la société domestique dans laquelle ils sont nés. »

Le Saint père évoque ici la nécessité des corps intermédiaires entre l’individu et l’Etat, lesquels assurent à l’homme la sécurité, la protection, et l’émancipation nécessaire (familles, corporations professionnelles, associations, etc). Ce n’est donc pas pour rien que l’une des premières œuvres de la république sera de détruire tous ces corps intermédiaires pour laisser l’homme seul face à l’Etat. Léon XIII ajoute ; « Ainsi, en substituant à la providence paternelle la providence de l’Etat, les socialistes vont contre la justice naturelle et brisent les liens de la famille ».

b. Justice salariale et propriété :

« Il est une loi de justice naturelle plus élevée et plus ancienne, à savoir que le salaire ne doit pas être insuffisant à faire subsister l’ouvrier sobre et honnête », « si les lois facilitent l’épargne aux travailleurs qui perçoivent des salaires assez forts, et si elles « favorisent l’esprit de propriété », « l’on verra peu à peu se combler l’écart qui sépare l’opulence de la misère ». Et parce que l’homme est ainsi fait, que la pensée de travailler sur un fonds qui est à lui redouble son ardeur et son application, son aisance grandira avec elle la richesse des nations ». (Rerum Novarum)

Les monarchistes catholiques encore influents ont pris place dans l’hémicycle ; ils batailleront à regagner une à une les libertés sociales du peuple au parlement.

Trois mouvements politiques émergeront alors dans la chambre des députés au XIXème siècle, les socialistes, les libéraux et les royalistes. Tandis que les socialistes auront comme fonds de commerce de rechercher l’égalitarisme en opposant les ouvriers à leurs patrons de manière stérile, sans remettre en cause les destructions sociales de la révolution qui symbolise alors le progrès, les libéraux voulant accélérer l’industrialisation et relègueront toujours plus les ouvriers à des  « ressources » variables, (d’ailleurs on ne parle aujourd’hui plus de gestion du personnel, mais de ressources humaines, comme on parlerait de ressources financières, matérielles, etc). Il n’y aura finalement que les royalistes catholiques qui œuvreront sans relâche à améliorer les conditions de travail des ouvriers, devançant largement les socialistes qui exécraient les mesures rappelant l’ancien régime, et qui pourtant étaient chargées de bon sens.

Sortant des carcans républicain de gauche et droite, les monarchistes sociaux sauront rallier les intelligences de droite ou de gauche, à leurs causes justes. Prenons cet exemple du député royaliste François de Saint Just : octobre 1933, à St Omer, descendant du conventionnel ami de Robespierre, il propose pour relancer la démographie Un, 8 février 1938, l’octroi d’un prêt au mariage de 5000 francs, remboursable en 100 mensualités de 6o frs, à chaque naissance, une remise d’un quart du montant au prêt, à la troisième naissance, plus rien à rembourser à l’État, tous signèrent, sauf les communistes. On peut dénombrer 206 signatures : soixante-dix viennent de la Droite, soixante-trois du Centre-droit vingt-et-une du groupe démocrate populaire, vingt-quatre de la Gauche-radicale, vingt-trois du groupe radical-socialiste, cinq du groupe socialiste unifié. Jean le Cour Grandmaison interpella Léon Blum sur le collectivisme, aussi dangereux que le capitalisme dans ce gouvernement du Front Populaire : « Notre monde est l’œuvre du libéralisme qui, vers la fin du 18e siècle, pour supprimer d’intolérables abcès, abattait les barrières tutélaires que l’expérience et la sagesse de nos pères avaient dressées devant les excès de la concurrence. Dans ce climat économique, le machinisme ne pouvait que s’orienter vers la concentration industrielle et ses inhumaines conséquences. » Tout le monde fut d’accord avec ce discours ; La conséquence, vous le savez, ça a été la mainmise des banques sur toute l’activité économique, le règne dictatorial d’une oligarchie financière (..) qui a fini par ne voir dans l’activité économique qu’un motif à spéculation et qui, en la développant sans mesure, a provoqué finalement l’arrêt presque complet d’un mécanisme enrayé pour avoir trop longtemps et trop follement tourné à vide. En définitive, ce qui caractérise notre structure économique actuelle, c’est qu’elle met l’homme au service de la production, et la production elle-même au service de l’argent. Applaudissements à droite, au centre, à gauche et l’extrême gauche.  

c. Allocution sur la libre concurrence et la qualité :

 Le capitalisme est aujourd’hui pratiqué dans toute l’économie sociale qui ne tend uniquement qu’à faire porter des rentes au capital et, pour cela, qu’à diminuer le prix de revient du produit en se procurant à meilleur marché possible, la matière première et la main-d’œuvre et employant du produit le moins possible de l’une et de l’autre en qualité et en quantité… la concurrence, dit-on, est l’âme de la production ; mais elle existait aussi bien jadis, même avec le monopole corporatif qui, d’une part, ne permettait pas la surélévation au-delà du juste prix parce que les magistratures publiques y veillaient, et, d’autre part, ne toléraient pas la décadence du produit parce que les jurandes y tenaient la main. Il y avait concurrence entre les maitres de la même corporation à qui livrerait, aux mêmes conditions de tarif pour la main-d’œuvre, la matière première et la vente, le meilleur produit.

 > (La Tour du Pin)

Lisons le R. P. Pascal, missionnaire de la Congrégation du Saint-Esprit et de l’Immaculé Cœur de Marie : «Je suis très social parce que royaliste, peut-être plus que parce que catholique. Comme catholique, je m’occuperais peut-être plutôt de questions de charité que de justice; tandis que, comme royaliste, je vois que, toujours, les royalistes français ont été à la tête de véritables réformes pour le bien du peuple»

Il ne nous serait pas malaisé de jouer les princes Kropotkine, de parler aux ouvriers de droits à reconquérir alors que nous ne sommes pas encore les maitres de les leur rendre, car nous sommes moins « bourgeois », selon leur langage, que ceux qui les exploitent d’une façon ou de I’autre. Mais ce n’est pas ainsi qu’a fait notre Seigneur Jésus-Christ, notre maitre et notre roi il n’a pas prêché la révolte aux esclaves, mais aux grands que les petits étaient leurs frères et qu’il fallait rendre à César, ce qui lui était dû, et de là est né et renaîtra encore si Dieu le veut l’ordre social-chrétien  (Jalons, Économie Sociale La Tour du Pin).

Les principes restent les mêmes, aimer son prochain et rechercher la justice, c’est un devoir : « Tout homme qui vient en ce monde doit pouvoir y poser les pieds sur le sol natal, et la chèvre qui lui fournit sa première nourriture doit y trouver elle-même de quoi brouter. En un mot, dans la loi de charité, qui est celle de la société chrétienne, la terre appartient aussi bien, je ne dis assurément pas de la même façon, aux pauvres qu’aux riches, et la propriété rurale doit être entre les mains de ceux-ci comme la réserve de ceux-là, au même sens ou, selon la doctrine évangélique, les riches sont constitués par Dieu à l’égard des pauvres comme les ministres de sa providence » (Jalons).

Nous devons donc rendre hommage à ces grands hommes qu’étaient René de la Tour du Pin, Albert de Mun, Maurice Maignen, Hyacinthe de Gailhard-Bancel, Milcent, et tant d’autres qui par leur combat imposeront sans relâche des multiples victoires sociales.

Pie XI rend d’ailleurs hommage à « l’initiative de ceux, qui dans un très sage et très utile dessein, ont imaginé des formules diverses destinées soit à proportionner la rémunération aux charges familiales, de telle manière que l’accroissement de celles-ci l’accompagne d’un relèvement parallèle du salaire, soit à pourvoir, le cas échéant, à des nécessités extraordinaires ».

Conclusion

Le royaliste est social parce que chrétien, Le Grand Dauphin, montrant à Louis XVI, les registres de la paroisse où son nom était inscrit entre ceux d’enfants du peuple, s’exprimait en ces termes ; « Voyez, mon fils. Ces enfants sont vos égaux sur cette page, et vos inférieurs dans le monde. Prenez garde qu’ils ne soient plus grands que vous devant Dieu ».

Les révolutions que nous vivons projettent toujours de séparer l’homme de Dieu, le nivellement démocratique de la société est une révolution, le wokisme est une révolution, le transhumanisme est une révolution. Toutes les idéologies qui promettent à l’homme le paradis sur terre sont des révolutions.

Il faut enfin réhabiliter la tradition, la tradition n’est pas ce qui est ancien, mais ce qui est durable et constant ; c’est la jeune Antigone qui tient tête au Roi désabusé car elle se réclame des lois immémoriales qui nous dépassent. Il faut que nos politiques retrouvent le sens de l’utilité sociale en écartant les aspects sentimentaux ; “plus démocratique, plus inclusif, plus moderne”, etc, seul compte l’intérêt général de la cité pour l’homme d’Etat vertueux.

L’objectif pour les français est de retrouver cette transcendance par la religion catholique et cette communauté de destins, comme cet idéal médiéval où les hommes partageaient un destin naturel et surnaturel. La transcendance est une nécessité puisqu’elle renforce les liens entre les membres, de même que la famille qui est unie et qui prie  rapproche ses membres de Dieu. Il faut que le chrétien retrouve le réalisme de Saint Thomas d’Aquin et d’Aristote, et qu’il s’éloigne des rêveurs mélancoliques qui se bercent d’illusions. A l’école d’Aristote plutôt que se perdre dans des actions parfois stériles, le français doit prioriser l’être à l’agir, en étant catholique, en fondant sa famille en travaillant honnêtement et en pratiquant les vertus chrétiennes, en fondant des écoles et des associations, là est le projet politique, puisqu’avec ses paires il fera société de manière naturelle et harmonieuse, loin des idéologies stériles.

Profitons-en pour mettre ce bon sens en perspective avec l’idéologie démocratique et libérale qui prétend détenir une vérité universelle qui devrait s’imposer à tous les peuples du monde. Cette utopie du nouvel ordre mondial n’a finalement rien de très original ni moderne en soi, puisqu’elle ne fait que renouveler l’utopie antique de Babel; une seule nation, un seul peuple, une seule langue, une seule monnaie (billet 1 $ « Novus ordo seclorum»), une seule religion (noachique, dont les 7 lois ont été approuvées par le congrès américain en 1991). Notons comme tous ces nouveaux fantasmes de nos élites progressistes ne sont bien souvent que de vieilles lunes de l’antiquité qui ont vu leur perte par le christianisme; à savoir confondre les nations dans un ordre mondial unique, le paganisme écologique n’est qu’une idolâtrie (pacha mama), les résurgences du satanisme (banalisation de la sorcellerie auprès des plus jeunes), les sacrifices d’enfants (avortement, élites pédophiles), l’esclavage moderne (destruction de la propriété privée et de la liberté de déplacement, contrôle des masses par la peur (covid, terrorisme, insécurité), atteintes à la liberté de déplacement (0 carbone, ZFE, etc.), l’idolâtrie mondaine (sportifs, stars, politiques…). Bref le monde reste égal à lui-même et la perte de territoire par les catholiques réhabilite les hérésies et anciennes mœurs païennes dans nos sociétés.

 « Quand Louis XVI fut exécuté, la moitié du travail était faite et donc, à partir de ce moment l’Armée du Temple devait diriger tous ses efforts contre la Papauté. » Albert Pike, 33e degrés, Grand Commandeur du Rite Écossais Ancien et Accepté, confédéré dans la guerre civile américaine, membre fondateur du KluKluxKlan, dont le père de D. Trump était membre également ! Son génie diabolique le fera aussi anticiper la deuxième guerre mondiale aboutissant à la création d’un état juif souverain en Palestine ; « La Deuxième Guerre mondiale devra être fomentée en tirant parti des différences entre les fascistes et les sionistes (en politique). Cette guerre devra être conduite de telle sorte que le nazisme soit détruit et que le sionisme politique devienne suffisamment puissant pour créer un État souverain d’Israël en Palestine. Durant la Seconde Guerre mondiale, le communisme international devra devenir assez puissant pour contrebalancer le christianisme, qui sera alors maîtrisé et tenu en échec aussi longtemps que nous en aurons besoin avant le cataclysme social final. » ; Toute ressemblance avec la politique de Trump au Moyen orient serait purement fortuite.

Socialisme et capitalisme s’inscrivent dans la dialectique hégélienne ; produire une thèse et une antithèse afin de feindre des oppositions faisant croire au peuple à des alternances de pouvoirs. Mais cela n’a que pour but de mener à la synthèse des deux systèmes qui est l’ordre mondial unique, la nouvelle Babel.

Prions que la France retrouve les promesses de son baptême afin qu’un grand Roi puisse à nouveau y régner dans la gloire par l’esprit saint et retrouver ainsi sa mission évangélique dans le monde !


François.

One comment

  • Que voilà un article bien fait qui vient à point nommé pour remettre les pendules à l’heure et les esprits à l’endroit.

    Merci François.

    Car depuis trop longtemps les Européens marchent sur la tête et inversent les valeurs pour se fabriquer une anti-vie.

    Les trois R y sont pour quelque chose : Renaissance-Réforme-Révolution. Ces trois événements ont transformé la pensée, les comportements et la spiritualité. Un rampe de lancement pour quitter la raison et rejoindre la folie :

    La Kabbale se substitue à Dieu pour diriger les esprits. La morale devient amorale et la conscience devient inconsciente. L’âme s’évapore pour rejoindre Sirius et la Noosphère. On regarde la Terre depuis l’extérieur. Sydney, Péking, Lima, Brasilia, Moscou, Vancouver, Paris, Lomé, Singapour, Ryad, etc. J’habite partout! Le mondialisme veut tout réunir en Un. Les mondialistes voyagent sans cesse pour leurs affaires enrichissantes. Ils souhaitent entraîner avec eux l’Humanité. Elle doit devenir nomade, sans lieu fixe, sans famille, sans attaches, sans amour, sans Foi, sans rien. Ce seront les nomades de misère décrits par Attali. Ils côtoieront les nomades de luxe qui possèdent tout y compris le droit de vie ou de mort, comme dans l’Antiquité.

    Le planétarium, l’espace intersidéral, Mars, la Galaxie sont les lieux d’espérance pour une existence future plus intéressante, passionnante et moins ringarde que sur cette vieille Terre dont on a ras le bol. Prendre la fusée et dégager pour découvrir les étoiles et les petits hommes verts. Le Cosmos permet de voyager à l’infini pour voir ailleurs et oublier ici.

    C’est exaltant, c’est passionnant l’idéalisme ! Cela fait rêver. Saint Exupéry devait aussi rêver dans son avion.

    Reprenons nos esprits. La Kabbale nous a fait perdre la tête. L’idéalisme n’est pas la pensée raisonnable. L’Antiquité n’est pas le bon modèle social et politique. L’Humanité mérite mieux que le nomadisme de misère et l’instabilité voulue par Monsieur Attali.

    Le sage vit sous son figuier. Il ne voyage pas trop. C’est la norme. La stabilité est le 4e voeux des ordres religieux.

    Il faut retrouver l’essentiel de la vie, les choses simples, le contact avec la nature, la Foi, la transcendance, la prière, la famille unie, la morale traditionnelle, le réalisme et la raison qui donnent accès aux vertus et au bonheur profond.

Laisser un commentaire