L’Ukraine et les secrets de la guerre du gaz

Alors que les réservoirs de gaz sont vides, un autre désagrément menace. En effet, un robinet de gaz a été fermé en Europe de l’Est, non pas par la Russie, mais par l’Ukraine. On ne peut ou ne veut plus entretenir un point de contrôle du gazoduc ainsi qu’une station de compression, tous deux situés dans la région de Lougansk. La faute en serait bien sûr « l’occupation russe ». Pourtant, un différend gazier oppose les deux pays depuis longtemps.
Depuis six heures mercredi matin, les réservations pour le transit de gaz russe via la route clé de Sochranivka sont tombées à zéro. L’exploitant du réseau ukrainien GTSOU a évoqué une « ingérence dans les processus techniques » de la part de la Russie, raison pour laquelle la station de compression de Novopskov, située dans la région de Lougansk dominée par les séparatistes, ne peut plus être exploitée. Ce qui vaut à l’ORF un mini reportage, représente avec 32,6 millions de m3 par jour presque un tiers du gaz acheminé via l’Ukraine.
Pour l’instant, le nœud de Soudja reste encore en service, avec un débit de 72 millions de m3 ce mercredi. Cette action met toutefois en évidence le rôle clé de l’Ukraine dans la destination du gaz russe. Celui-ci était encore plus important par le passé : jusqu’à la mise en service de Nord-Stream 1 en 2011, la majorité – et parfois jusqu’à 80 % – du gaz russe passait par l’Ukraine. Et celle-ci a largement profité pendant des années de sa position stratégique en matière d’énergie.
Le transit de gaz était une véritable aubaine pour l’Ukraine. Pour 1.000 m3 et 100 kilomètres, l’Ukraine gagnait 1,09 euros – pour environ 3.000 kilomètres de trajet, principalement sur les gazoducs « Soyouz » et « Fraternité », cela représentait plus de 30 euros. Dans le même temps, elle a pu détourner du gaz à bon compte pour ses propres besoins, à raison de 50 euros par 1.000 mètres cubes, comme convenu par contrat. La Roumanie voisine achetait ce gaz pour 260 euros, soit une marge bénéficiaire de plus de 400 %.
Et l’Ukraine a profité de l’opportunité du gaz bon marché pour faire fonctionner ses industries lourdes à forte consommation d’énergie. Mais la Russie a ensuite demandé plus d’argent – environ 230 euros par 1.000 mètres cubes. Dans le même temps, l’indemnité de transfert devait passer à 1,74 euro. L’Ukraine y voyait un mauvais accord et une sanction pour son rapprochement avec l’Occident. Finalement, il a été convenu qu’une partie du gaz destiné à l’Ukraine proviendrait du Turkménistan. Le mélange a alors coûté 95 euros – pour 1,60 euro de compensation. Pour les deux parties, il s’agit de sauver la face.
Auparavant, c’est surtout l’Europe de l’Ouest qui avait souffert de ce conflit. Dans certains pays, dont l’Autriche, la quantité livrée a chuté d’un bon tiers. Le président ukrainien de l’époque, Victor Iouchtchenko, n’avait aucun intérêt à payer le même prix que les autres pays pour le gaz – et ce, bien que le Kremlin ait proposé à son pays un prêt d’environ 3,6 milliards de dollars pour amortir temporairement le renchérissement.
Mais ce n’était pas la fin du conflit. En effet, bien que Gazprom ait prêté main forte lorsque des problèmes aigus de livraison en provenance du Turkménistan sont apparus peu après en hiver, l’Ukraine n’a pas payé une partie de ses factures. Des dettes d’au moins 900 millions de dollars sont apparues à un moment donné, puis un litige est né autour des factures impayées – la Russie parlait de 2,4 milliards de dollars, l’Ukraine ne voulait payer que 1,3 milliard de dollars. La querelle s’est ensuite poursuivie pendant quelques années : Kiev a été en retard de paiement, Gazprom a menacé de suspendre ses livraisons, l’Ukraine a bloqué le transit afin de prélever son propre gaz.
Le blocus ukrainien a surtout frappé durement le sud-est de l’Europe à l’hiver 2009. Auparavant, la juridiction ukrainienne avait suspendu le transit en dépit de toutes les conditions contractuelles. En Bulgarie, qui dépendait particulièrement de ces livraisons, des écoles ont même dû fermer – et le bois de chauffage et le charbon sont devenus par la suite des denrées rares. Le pays a demandé réparation au groupe gazier russe Gazprom pour les 124 millions de m3 non livrés. Moscou a subi un préjudice quotidien de 120 millions de dollars.
L’insécurité permanente et l’interdépendance se sont dissoutes après que la Russie a fait passer en grande partie ses livraisons de gaz à l’Europe par la mer du Nord après la construction du gazoduc « Nord-Stream 1 ». A l’inverse, on a assisté à une situation ubuesque dans laquelle l’Ukraine n’achetait pas son gaz directement à son voisin, mais à l’UE, qui le recevait elle-même auparavant de Russie, en partie après transit par l’Ukraine. Les Etats-Unis ont également vu leur chance arriver, plusieurs entreprises ont étudié leur entrée dans le secteur gazier ukrainien.
L’environnement du groupe énergétique « Burisma Holdings » a donné une image biaisée. Des collaborateurs proches de l’ex-candidat à la présidence John Kerry ont agi en tant que lobbyistes, et un poste de directeur a été créé pour Hunter Biden, le fils de l’actuel président américain, par le biais de constructions opaques. Plus tard, Biden senior – alors vice-président sous Obama – est intervenu personnellement avec succès : le procureur général chargé de l’enquête a été limogé et l’enquête classée. Biden a fait dépendre le versement d’un milliard d’euros d’aide à l’Ukraine du renvoi du procureur. En 2019, lorsque Trump a demandé à Selenski d’ouvrir une enquête dans ce sens, il a écopé d’une procédure de destitution.
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