S. Walt : le professeur le plus renommé de Harvard légitime la riposte de l’Iran.
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Stephen Walt est sans aucun doute le professeur de relations internationales le plus renommé de Harvard.
Son opinion sur la réaction de l’Iran contre Israël diffère fortement de ce que nous entendons habituellement dans les médias occidentaux.
Il écrit tout d’abord que le soutien général de l’Iran au Hamas est légitime au regard du droit international : “Selon les Conventions de Genève, une population vivant sous ‘occupation guerrière’ a le droit de s’opposer à la puissance occupante. Compte tenu du fait qu’Israël contrôle la Cisjordanie et Jérusalem-Est depuis 1967, qu’il a colonisé ces territoires avec plus de 700.000 colons illégaux et qu’il a tué des milliers de Palestiniens, il ne fait guère de doute qu’il s’agit d’une ‘occupation de guerre’. Bien sûr, les actes de résistance sont soumis au droit de la guerre, et le Hamas et d’autres groupes palestiniens violent ce droit lorsqu’ils attaquent des civils israéliens. Mais la résistance à l’occupation est légitime, et aider une population opprimée à le faire n’est pas nécessairement une mauvaise chose, même si l’Iran l’a fait pour ses propres raisons et non par un engagement profond envers la cause palestinienne”.
Deuxièmement, il qualifie la réaction de l’Iran au bombardement de son consulat par Israël de raisonnable : “La décision de l’Iran d’exercer des représailles après qu’Israël a bombardé son consulat et tué deux généraux iraniens n’est guère une preuve d’agressivité innée, d’autant plus que Téhéran a signalé à plusieurs reprises qu’il ne voulait pas étendre la guerre. En fait, la frappe de représailles a été exécutée de manière à avertir sérieusement Israël, et il semble qu’elle visait à signaler à Téhéran qu’il ne souhaitait pas une nouvelle escalade. Comme les officiels américains et israéliens ont l’habitude de le dire, lorsqu’ils utilisent la force, l’Iran cherche simplement à rétablir la dissuasion”.
Enfin, il affirme que “la responsabilité [de ce qui s’est passé] incombe davantage à Washington qu’à Téhéran”. Comment cela se fait-il ? Parce que les États-Unis “fournissent chaque année à Israël des milliards de dollars d’équipement militaire sophistiqué, accompagnés de garanties répétées que le soutien des États-Unis est inconditionnel”.
Walt écrit : “Les États dont le pouvoir est incontrôlé ont tendance à en abuser, et Israël ne fait pas exception. Comme Israël est bien plus puissant que ses sujets palestiniens – et d’ailleurs aussi plus puissant que l’Iran – il peut agir contre eux en toute impunité, et c’est généralement ce qu’il fait. Selon lui, le soutien généreux et inconditionnel des États-Unis pendant des décennies a permis à Israël de faire ce qu’il voulait et a contribué à rendre sa politique et son comportement envers les Palestiniens de plus en plus extrêmes au fil du temps.
Il constate également qu’une situation s’est développée dans laquelle seule une résistance armée efficace a un impact sur Israël : “dans les rares cas où les Palestiniens ont été en mesure de mobiliser une résistance efficace – comme lors de la première Intifada (1987-1993) – les dirigeants israéliens comme l’ancien Premier ministre Yitzhak Rabin ont été contraints de reconnaître la nécessité de compromis et d’essayer de faire la paix. Malheureusement, étant donné qu’Israël était si fort, les Palestiniens si faibles et les médiateurs américains si unilatéralement favorables à Israël, aucun des successeurs de Rabin n’était prêt à faire une offre acceptable aux Palestiniens”.
Il conclut qu’il s’agit d’une grande ironie, car “les personnes et les organisations aux États-Unis qui protègent le plus ardemment Israël contre les critiques et qui poussent les gouvernements les uns après les autres à soutenir Israël, quoi qu’il fasse, ont causé d’énormes dommages au pays qu’ils étaient censés aider”.
Il décrit la situation actuelle dans laquelle 1) “la solution à deux États a échoué”, 2) Israël “se transforme en un État paria”, 3) “le soutien parmi les jeunes Américains – y compris de nombreux Juifs – s’effrite” et 4) l’Iran “est sur le point de posséder des armes nucléaires et a déjoué les efforts des États-Unis pour l’isoler”.
Une conclusion inévitable : “Si l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) et ses alliés étaient capables d’introspection, ils auraient honte de ce qu’ils ont fait à Israël”. Et, ajouterais-je, de tout le mal qu’ils ont fait aux Palestiniens (s’ils étaient capables d’une compassion humaine de base, c’est-à-dire).
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