Canada : le scandale des fosses communes d’enfants autochtones dans un ancien pensionnat chrétien désormais qualifié de «plus grande fake news du Canada» (MàJ: malgré l’absence de preuve, le gouvernement pourrait criminaliser les doutes).

Cela fait maintenant plus de deux ans que le Canada a été secoué par des allégations selon lesquelles 215 tombes anonymes d’écoliers autochtones auraient été découvertes sur le terrain d’un ancien pensionnat à Kamloops, en Colombie-Britannique. Il n’y avait pas de corps ou de restes humains, mais des données de géoradar indiquant des dislocations du sol régulièrement espacées. Mais personne ne s’en serait pas douté à l’époque étant donné la manière dont l’histoire avait été rapportée. Un titre du Global News annonçait la “Découverte de restes humains sur le terrain du pensionnat de Kamloops”. Un autre, dans le Toronto Star, déclarait : “Les restes de 215 enfants retrouvés”.

Je faisais partie des nombreux Canadiens qui ont cru à ces titres. Les sévices racistes infligés par les pensionnats canadiens des XIXe et XXe siècles, créés pour “civiliser” les peuples indigènes et les dépouiller de leur culture, sont largement débattus depuis des décennies. Compte tenu de cette sombre histoire, il n’était pas difficile de croire que certains des prêtres et des éducateurs qui dirigeaient ces écoles n’avaient pas seulement fait preuve de cruauté et de négligence (ce que l’on savait déjà), mais qu’ils avaient également commis des massacres de masse contre des enfants sans défense.

Sans attendre que les preuves tangibles sortent de terre, les drapeaux ont été mis en berne, les célébrations de la fête du Canada du 1er juillet ont été annulées, Justin Trudeau s’est agenouillé devant les caméras, et la nation tout entière est entrée dans une période collective d’autoflagellation sans précédent. Avant la fin de l’été, Justin Trudeau s’est engagé à verser plus de 300 millions de dollars en nouveau financement pour les communautés autochtones, afin qu’elles puissent mener à bien la sinistre tâche consistant à fouiller la terre à la recherche de cadavres d’enfants. La Presse canadienne l’a ensuite qualifiée d’histoire de l’année.

Vingt-quatre mois plus tard, beaucoup de choses ont changé. Pendant toute cette période, on n’a pas trouvé une seule tombe, un seul corps ou un seul ensemble de restes non marqués à Kamloops, ni dans aucune des autres communautés des Premières nations qui ont effectué des relevés similaires au moyen d’un radar pénétrant le sol.

Cela ne signifie pas que des tombes et des corps ne seront pas découverts à un moment indéterminé dans l’avenir. Mais étant donné que les données radar initialement annoncées auraient indiqué aux groupes autochtones et aux enquêteurs médico-légaux l’emplacement exact des restes humains présumés, le fait que deux années se soient écoulées sans qu’aucune preuve matérielle n’ait été déterrée ne peut qu’être qualifié d’étrange.

Comme je l’ai noté dans un article récent pour un magazine britannique, et ici à Quillette, c’est un sujet dont beaucoup de Canadiens bien élevés ont peur de parler. En 2021, la découverte supposée de ces 215 tombes anonymes a pris l’allure d’un récit national sacré. Souligner les lacunes de ce récit qui se sont développées depuis, comme je le fais ici, ressemble à un sacrilège séculaire.

En outre, un capital politique considérable est en jeu. Lors de la campagne électorale fédérale de 2021, Trudeau a fait campagne en promettant de réparer les horreurs meurtrières infligées aux Canadiens autochtones par ses ancêtres. Les dirigeants autochtones, et c’est bien compréhensible, étaient heureux de prendre l’argent du Premier ministre pour ce faire. Les journalistes ont assuré à leurs lecteurs, auditeurs et téléspectateurs que les tombes présumées constituaient une preuve supplémentaire que le Canada était un “État génocidaire”, suscitant ainsi toutes sortes de nouvelles initiatives caritatives, de hashtags et de campagnes de t-shirts. Après tout cela, peu de personnalités publiques sont incitées à admettre que nous aurions peut-être pu attendre les faits avant de nous lancer avec autant d’ardeur dans la confection de vêtements.

Un seul grand média canadien, le National Post, a osé publier une analyse complète et franche de la façon dont tout le monde s’est trompé dans l’histoire des tombes non marquées. D’autres médias ont soit ignoré le dénouement de l’histoire, soit sont allés plus loin en dénonçant le révisionnisme comme un symptôme de sectarisme. Au Toronto Star, par exemple, un éditorialiste a estimé que le fait de demander aux autorités de produire des preuves matérielles concernant les tombes revendiquées équivalait à “une diatribe raciste à la limite du déni de génocide”.

Pourtant, même s’ils s’en tiennent publiquement à la ligne orthodoxe sur l’histoire des tombes non marquées, les journalistes et rédacteurs en chef canadiens ajoutent maintenant des termes qui signalent l’incertitude croissante quant à ce qui se trouve réellement sous le sol. Global News, une grande marque multimédia mentionnée plus haut, offre une étude de cas instructive. En 2021, un titre de Global a fait allusion (à tort) à la “découverte de restes humains”. Dans un article publié un an plus tard, il s’agissait de la “découverte de tombes non marquées”. Puis, le mois dernier, à l’occasion du deuxième anniversaire, les rédacteurs se sont repliés sur une formulation plus juridique, “tombes anonymes présumées” (l’emphase avec de l’italique est mienne). Ailleurs dans ses articles de 2023, Global News a parlé de “potentielles tombes anonymes” et de “plausibles tombes anonymes”.

Comme la plupart des médias canadiens, Global News n’a pas corrigé ses articles antérieurs sur le sujet, et n’a même pas donné d’explication franche sur les raisons de sa décision. L’histoire des tombes anonymes se trouve donc dans un étrange état limbique, devenant de plus en plus douteuse au fil des mois, mais pas au point d’être formellement démentie.

Même certains sites de médias étrangers n’ont pas corrigé leurs informations. Le 28 mai 2021, un journaliste du New York Times nommé Ian Austen a annoncé à ses lecteurs qu’un “charnier” contenant des enfants indigènes avait été ” repéré au Canada “. En réalité, non seulement aucun “charnier” n’a été découvert, mais aucune communauté autochtone n’a fait une telle déclaration. Le chef de la communauté des Premières nations à laquelle il est fait référence a explicitement déclaré aux médias qu’il n’y avait pas de charnier et a désavoué l’utilisation de ce terme.

Cela fait deux ans que le New York Times a publié cette affirmation, et aucune correction n’a été apportée. Le Times n’a pas non plus corrigé un rapport de suivi tout aussi bâclé publié en 2021 par le même auteur, dont le sous-titre faisait référence à “la découverte des restes de centaines d’enfants”. Aucune “dépouille” n’a été découverte, ni à l’époque, ni aujourd’hui.

Le désir de protéger le récit de tombes anonymes reste particulièrement fort chez les libéraux au pouvoir au Canada, dont le ministre des relations entre la Couronne et les autochtones a pris la mesure plutôt extraordinaire (pour une démocratie libérale, du moins) de donner des instructions aux journalistes pour qu’ils ne rapportent pas les faits hérétiques. Au début de l’année 2022, lorsque quelques écrivains ont commencé à dire tout haut combien il était étrange qu’aucun corps n’ait encore été découvert à Kamloops, le ministre, Marc Miller, a dénoncé ces Canadiens comme faisant “partie d’un schéma de déni et de désinformation qui a entaché le message sur les pensionnats indiens au Canada. Ils sont nuisibles parce qu’ils tentent de priver de la vérité les survivants et leurs familles”.

Miller suggère ici que la “vérité” de l’existence des tombes devrait être considérée comme une affaire de foi par ceux qui ont le cœur (politique) pur, indépendamment des preuves disponibles. En ajoutant le mot “négationnisme”, Miller cherche manifestement à comparer les personnes aux cœurs impurs aux négationnistes de l’holocauste.

Et pourtant, le mois dernier, Miller lui-même s’est senti obligé de se couvrir pathétiquement lorsqu’il a tweeté à l’occasion du deuxième anniversaire de l’histoire des tombes anonymes – condamnant ceux qui font des “tentatives écœurantes” pour “nier” l’histoire tout en faisant référence à la “découverte de plus de 200 tombes anonymes présumées” (l’emphase avec de l’italique est mienne). Le mot commençant par “p” trahit l’hypocrisie de Miller : Si le fait de reconnaître que ces plus de 200 tombes à Kamloops pourraient ne pas exister qualifie quelqu’un de négateur de génocide “écœurant”, alors Miller semble avoir sa place sur cette liste.

“Il y a deux ans aujourd’hui, la Première Nation Tk’emlúps te Secwépemc a partagé la découverte de plus de 200 tombes présumées non marquées autour de l’ancien pensionnat de Kamloops. Au fil du temps, et alors que nous continuons à voir des tentatives écœurantes de nier la sombre histoire des pensionnats, #cdnpoli

Plus loin dans son fil Twitter, Miller semble suggérer que la vérité sur l’existence des tombes est de toute façon hors de propos, parce que l’acte même de discuter de la question “reste traumatisant pour la communauté, les survivants et leurs familles”.

Et ainsi les écrivains doivent résister à la tentation de contester le niais consensus de 2021, nous conseille Miller. A la place, il demande aux journalistes d’assumer le rôle de moines chargés de “réfléchir et de contempler le travail qu’il reste à faire pour assurer la guérison des peuples autochtones”.

Les exigences moralisatrices de M. Miller n’ont pas force de loi, heureusement. Mais il n’est pas difficile d’imaginer que cela change. Dans un rapport publié vendredi, Kimberly Murray, l’interlocutrice spéciale indépendante nommée par Trudeau pour enquêter sur la question des tombes anonymes, a exhorté les politiciens à envisager de toute urgence des sanctions civiles et pénales contre le “négationnisme” sur les pensionnats. Cette idée a déjà été défendue par une députée du nom de Leah Gazan et le ministre canadien de la justice, David Lametti, s’est dit ouvert à cette proposition.

“L’interlocuteur spécial indépendant pour les enfants disparus et les tombes et lieux de sépulture non marqués associés aux pensionnats indiens publiera son rapport provisoire à 12 h HNE aujourd’hui à Cowessess, en Saskatchewan.”

Comme Miller, Murray semble considérer que les affirmations relatives aux tombes anonymes à Kamloops et ailleurs sont moralement infalsifiables, puisqu’il s’agit de “vérités de survivants”. Elle suggère à plusieurs reprises que le simple fait de demander des preuves physiques est en soi une preuve de négationnisme. Sur ce point, Murray cite avec approbation le chef d’une Première Nation de la Saskatchewan, qui

aborde subtilement le négationnisme en déclarant que ” [q]u’on trouve ou non des tombes non marquées, il y a suffisamment de preuves orales et archivistiques documentées pour affirmer que ces sépultures existent ou ont existé “. La communauté reconnaît que la voix des survivants, qui ont des témoignages de première main sur ce qui s’est passé dans les pensionnats indiens, doit être privilégiée par rapport à toute autre chose.

Savoir ce que Murray veut de banni sous la catégorie du “négationnisme” n’est cependant pas clair. À la page 104 de son rapport, elle fait référence (1) à des déclarations, telles que celles contenues dans cet article, qui examinent des assertions spécifiques concernant des tombes présumées dans certaines réserves autochtones ; (2) à des déclarations plus générales qui mettent en doute l’existence de tombes anonymes dans n’importe quel pensionnat ; et (3) à des déclarations encore plus générales, qui servent à “défendre le système des pensionnats indiens [et] à nier que les enfants eurent subi des abus physiques, sexuels, psychologiques, culturels et spirituels”. Toutes ces déclarations sont décrites par Murray comme des propos détestables. Mais il n’est pas clair lesquels, s’il y en a, Murray souhaite criminaliser.

À d’autres endroits de son rapport, Murray va plus loin, suggérant que les rangs des négationnistes englobent toute personne qui ne s’engage pas à reconnaître que les pensionnats indiens étaient des instruments d’un authentique génocide. “Le fait de ne pas reconnaître les préjudices génocidaires délibérés infligés aux enfants indigènes devient un obstacle à la réconciliation et renforce une culture du déni au sein de la population canadienne”, écrit-elle. Cela suggère qu’une personne peut être un “négationniste” sans rien dire ou écrire du tout, dans la mesure où elle n’a pas tenu compte de l’exhortation de Murray selon laquelle “chacun d’entre nous doit se lever et s’exprimer” de la manière qu’elle prescrit.

À long terme, cependant, ce type d’analyse sémantique n’aura probablement pas beaucoup d’importance, puisque tout effort juridique visant à censurer le “négationnisme” (quelle que soit la définition de ce mot) serait presque certainement annulé par les tribunaux en tant qu’atteinte à la liberté d’expression. Les principes constitutionnels canadiens autorisent l’adoption de lois interdisant la promotion délibérée de la “haine” à l’encontre de groupes identifiables. Mais personne ne peut sérieusement prétendre que le fait de demander des preuves d’allégations de meurtre non prouvées ou de proposer des théories dissidentes sur les pensionnats soient près de satisfaire à cette norme.

Et pourtant, ce n’est pas un spectacle que les Canadiens devraient ignorer : le fait que des personnalités publiques prennent au sérieux ce type de proposition de censure montre à quel point elles sont prêtes à tout pour éviter le réexamen critique du scandale national autour les sépultures anonymes. Trudeau et ses ministres doivent savoir que l’heure des comptes ne peut être repoussée indéfiniment. À mon avis, ils espèrent simplement ne pas être au pouvoir lorsqu’elle arrivera.

Quillette

FdeSouche : https://fdesouche.com/2023/06/21/la-decouverte-dune-fosse-commune-denfants-autochtones-dans-un-ancien-pensionnat-fait-scandale-au-canada-comme-blanche-jai-honte-comme-mere-jai-physiquement-mal/


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