La prochaine guerre : la Russie contre la Pologne
Le discours de Poutine vendredi 21 juillet semblait s’adresser à Varsovie. Le programme de ce soir s’adressait clairement au grand public russe, afin de le préparer à l’éclatement d’une éventuelle guerre russo-polonaise dans un avenir immédiat.
Les « nouvelles de la semaine » diffusées ce jour par la télévision d’État russe ont commencé par un documentaire de trente minutes sur les relations polono-russes depuis la fin de la Première Guerre mondiale et pendant la guerre civile russe, lorsque le gouvernement du maréchal Pilsudski a arraché des territoires considérables au contrôle russe.
Le rôle bien documenté de la Pologne en tant qu’agresseur et occupant de territoires tchécoslovaques, lituaniens, ukrainiens et biélorusses avant le début de la Seconde Guerre mondiale et jusqu’à l’invasion de la Pologne par Hitler a également été traité en détail. Le discours prononcé vendredi par Vladimir Poutine devant le Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, dont une partie a été diffusée, a servi de base au reportage. Des extraits de ce discours ont été utilisés comme introduction ou comme segments de l’ensemble du documentaire. Rappelons que vendredi, Poutine a expliqué comment et pourquoi nous pouvions nous attendre à l’entrée en guerre formelle d’une force conjointe polono-lituanienne-ukrainienne, officiellement présentée comme le défenseur de l’État ukrainien en occupant l’ouest de l’Ukraine.
Poutine a toutefois qualifié cela de force d’occupation qui, une fois installée à Lviv et en Ukraine occidentale, ne partirait plus. Il s’agirait en réalité d’une répétition du bradage des intérêts ukrainiens à la Pologne et de la cession de territoires à la Pologne, comme l’avait fait leur leader Semyon Petlioura en avril 1920, et qui se répète aujourd’hui dans les accords secrets entre les présidents Zelensky d’Ukraine et Duda de Pologne. Ce n’est toutefois pas la seule agression polonaise à venir que Vladimir Poutine a annoncée vendredi. Il a déclaré que la Pologne avait également des projets sur les terres biélorusses.
Le documentaire a approfondi cette remarque en rappelant quel territoire biélorusse la Pologne a pris de force au 20e siècle lorsque l’occasion s’en est présentée. Il a également été fait référence aux combattants bélarussiens à l’étranger utilisés par la Pologne pour mener l’attaque sur Minsk à partir du territoire polonais et aux armes qu’ils reçoivent des États-Unis et des pays membres de l’OTAN. En ce qui concerne les plans polonais pour l’Ukraine, Poutine n’a pas indiqué comment la Russie pourrait y répondre. Toutefois, en ce qui concerne la Biélorussie, il a directement déclaré vendredi que toute attaque contre la Biélorussie serait considérée comme une attaque contre la Russie et que la Russie répondrait avec tous les moyens militaires à sa disposition. Il a exhorté Varsovie à réfléchir aux conséquences de ses actes. Le discours de Poutine de vendredi semblait s’adresser à Varsovie. Le programme de ce soir s’adressait clairement au grand public russe, afin de le préparer à l’éclatement d’une éventuelle guerre russo-polonaise dans un avenir immédiat.
Ce point a été souligné par la visite actuelle du président biélorusse Loukachenko à Saint-Pétersbourg. Cette visite a été célébrée avec beaucoup de faste et de cérémonie. Les deux présidents se sont rendus aujourd’hui à Cronstadt et ont visité l’église principale de la ville, qui est le foyer spirituel de la marine russe. Ils ont également visité le nouveau musée de la marine russe, qui ouvrira prochainement ses portes et où est exposé le premier sous-marin nucléaire russe, la réponse du pays à l’époque au Nautilus américain. Ils ont également eu des discussions sur les menaces militaires et politiques auxquelles leurs pays sont confrontés. Ces discussions se poursuivront demain de manière inattendue au palais Konstantinovsky, à l’extérieur de Saint-Pétersbourg. La raison de ces consultations approfondies est ressortie des déclarations de Loukachenko à la presse lors de sa rencontre avec Poutine : les services de renseignement militaire biélorusses ont en effet suivi de très près le déploiement massif de forces polonaises, notamment de chars, d’hélicoptères et d’autres équipements militaires lourds, sur plusieurs sites proches de la frontière biélorusse.
Dans l’émission “Nouvelles de la semaine” d’aujourd’hui, il a été expliqué au public russe que les nouveaux plans agressifs des Polonais ne sont mis à exécution que parce que la Pologne fait confiance à l’Oncle Sam pour les soutenir. Et ils ont nommé la personne qui incarne ce lien, l’ancien ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski (2014-15), aujourd’hui membre du Parlement européen et responsable des relations avec les États-Unis. Une photo de la dernière rencontre de Sikorski avec des responsables du Pentagone et avec Joe Biden et ses conseillers a été montrée à l’écran. Pour ceux qui s’interrogent sur les opinions politiques de Sikorski, sachez qu’il est le mari de la journaliste néoconservatrice Anne Applebaum, qui déteste la Russie et qui est bien connue du public américain pour ses chroniques régulières dans le Washington Post.
Les talk-shows russes de ces derniers jours permettent de comprendre facilement comment le Kremlin voit l’actuelle guerre par procuration en Ukraine et autour de l’Ukraine : Washington voit que la contre-offensive ukrainienne est un échec total, qui a coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes au sein des forces armées ukrainiennes et qui a détruit une grande partie des équipements occidentaux livrés à l’Ukraine ces derniers mois. Au lieu de s’efforcer d’obtenir la paix, Washington tente d’ouvrir un “deuxième front” en utilisant la Pologne. Une réponse russe possible à une action contre la Biélorussie a également été discutée à la radio : la prise du corridor de Suwalki, qui relie Kaliningrad à la Biélorussie en passant par le territoire polonais. La prise de contrôle de ce corridor aurait pour conséquence d’isoler les États baltes de la Pologne, mettant ainsi leur sécurité en danger. La conclusion inévitable des dernières nouvelles est que la politique incendiaire de Washington et la poursuite de l’escalade du conflit ne peuvent pas assurer la défaite de la Russie. Au contraire, elles peuvent conduire à l’effondrement total de l’alliance de l’OTAN, une fois que sa valeur militaire aura été réfutée d’une manière que les propagandistes les plus créatifs de Washington ne pourront pas écarter ou dissimuler.
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