Le pape est hérétique, c’est officiel

On attendait un signe à l’occasion de l’alignement planétaire du 23 septembre 2017 reproduisant la Femme dans le ciel décrite par l’Apocalypse, la lune sous ses pieds et couronnée de 12 étoiles. Le Ciel a tenu ses promesses : dès le lendemain eu lieu l’événement annoncé par ce signe : la divulgation publique d’une Correctio Filialis signée par 62 clercs, universitaires et laïcs catholiques, dont Mgr Bernard Fellay supérieur général de la Fraternité saint Pie X, déclarant le pape François hérétique sur 7 points dans son exhortation apostolique Amoris Laetitia.
Le document original est daté du 16 juillet 2017, remis au pape le 11 août, et en l’absence de réponse du Vatican, rendu public le dimanche 24 septembre en la fête de Notre-Dame de la Merci.
Les connaisseurs noteront au passage que les trois dates correspondent à des apparitions ou des fêtes de Notre-Dame : Notre-Dame du Mont Carmel le 16 juillet, apparition de Marie à Cotignac le 11 août, et fête de Notre-Dame de la Merci le lendemain de l’alignement historique de la Femme dans le ciel.
Désormais cette Femme dans le ciel a un nom : Notre-Dame du Mont Carmel, car tout commence le 16 juillet. Or les apparitions hautement eschatologiques de Lourdes et de Fatima se terminent toutes les deux par Notre-Dame du Mont Carmel : la 18ème et dernière apparition à Lourdes a lieu le 16 juillet 1858 ; et le 13 octobre 1917, le dernier tableau vu par Lucie pendant le miracle du soleil fut la vision de Notre-Dame du Mont Carmel.

Or cette Correctio Filialis, nous allons le voir, est un document capital dans la lutte entre la Vierge et la Bête qui a pris le contrôle du Vatican. Le point de départ véritable de la chute de la bête. Elle est triplement signée par la Sainte Vierge, car le moment est venu pour elle d’écraser la tête de Satan. Elle le fait avec des armes divines.

 

La genèse du document

 Une lettre de 25 pages signée par 40 clercs, universitaires et laïcs catholiques, datée du 16 juillet 2017 en la fête de Notre-Dame du Mont Carmel porte le nom en latin de : Correctio filialis de haeresibus propagatis (littéralement : « Une correction filiale concernant la propagation d’hérésies »). Selon ses signataires, « elle affirme que le pape, par son Exhortation apostolique Amoris laetitia (8 avril 2016) ainsi que par d’autres paroles, actions et omissions en rapport avec celle-ci, a effectivement soutenu sept propositions hérétiques par rapport au mariage, à la vie morale et à la réception des sacrements, et qu’il a été à l’origine de la diffusion de ces opinions hérétiques au sein de l’Eglise catholique. Ces sept hérésies ont été exprimées par les signataires en latin, langue officielle de l’Eglise. »
Toujours selon les signataires, cette lettre a été remise au pape François le 11 août 2017. Probablement en mains propres puisqu’ils disent « au pape François » et non au Vatican. N’ayant reçu aucune réponse du pape ou du Vatican, ils ont décidé de la rendre publique le 24 septembre 2017, en la fête de Notre-Dame de la Merci.
Le jour de cette publication, le nombre de signataires était parvenu à 62, dont celui de Mgr Bernard Fellay, Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, seul évêque à avoir signé le document. Y figurent aussi le supérieur du district de la Fraternité au Royaume-Uni, l’abbé Robert Brucciani, ainsi que le supérieur du district d’Afrique, Marc Vernoy ; également l’abbé Claude Barthe, le frère Jehan de Belleville, l’abbé Guy Pagès… ; mais aussi Ettore Gotti Tedeschi, ancien président de l’Institut pour les œuvres de religion (le fameux IOR)de 2009 à 2012. Au jour où j’écris ces lignes, ils sont 216 signataires.

La montée des critiques envers le pape et sa nouvelle doctrine s’est faite progressivement. La première « grande » critique fut émise par quatre cardinaux -donc par quatre sommités au plus haut niveau de l’Eglise-, Walter Brandmüller, Raymond L. Burke, Joachim Meisner et Carlo Caffarra, – ces deux derniers étant décédés cette année, respectivement le 5 juillet et le 6 septembre. Ils émettèrent le 19 septembre 2016 cinq Dubia (c’est à dire cinq questions) où ils demandaient respectueusement au pape François de « faire la clarté » sur cinq points hétérodoxes d’Amoris lætitia. Les Dubia, restés sans réponse, furent suivis d’une demande d’audience de la part de leurs auteurs le 25 avril 2017. Audience non accordée.
Je note au passage que ces Dubia ont été émises le jour anniversaire de l’apparition de Notre-Dame à la Salette (19 septembre) ; une fois de plus, il apparaît que non seulement la Sainte Vierge veille au grain, mais qu’elle conduit personnellement les actions décisives face à la bête.

Le 29 juin 2016, 45 théologiens avaient fait parvenir au cardinal Angelo Sodano, doyen du Collège des Cardinaux une étude critique portant sur 19 points d’Amoris lætitia. Critique, elle aussi, restée sans réponse. Dans la liste des 62 signataires de laCorrectio filialis on retrouve plusieurs noms figurant déjà dans celle des 45 théologiens de 2016.

 

Qu’est ce qui change avec la Correctio Filialis ?

1) D’abord les signataires se donnent les moyens de la contestation. Leur action est la troisième du genre, restée elle aussi sans réponse. Mais elle regroupe 62 clercs, universitaires et laïcs de 20 pays différents. Eux aussi attendent respectueusement un certain délai avant de rendre publique leur initiative, mais en lui donnant une portée mondiale. Leur détermination se concrétise par un site internet spécialement créé pour l’occasion, traduit en six langues (français, anglais, italien, espagnol, portugais et allemand), et par une opération de relations presse d’envergure, puisque cette information a été traitée par les grands médias. La grande presse en France en a parlé.
On sort donc du microcosme des catholiques contestataires habituels, souvent assimilés avec ce que l’on appelle lesintégristes, pour se retrouver dans une dimension grand public et de portée internationale. Avec la volonté affichée d’être vus et connus du plus grand nombre.

2) Ensuite, comme l’écrit avec justesse Christian Lassalle dans Média-Presse-Info du 30 septembre, « La Correctio Filialis est un coup de tonnerre dans le monde catholique : pour la première fois depuis la crise déclenchée par le concile Vatican II, l’orthodoxie du pape est remise en question, non plus par la Fraternité Saint Pie X, mais par une base beaucoup élargie. Auparavant les Dubia des 4 cardinaux avaient également pointé les affirmations du pape François contraires avec le dogme catholique. »
Cela veut dire qu’il y a une remise en cause franche et directe du pape, exposée au grand public, et exprimée par des catholiques n’appartenant pas uniquement aux milieux traditionalistes.

3) Malgré tout, la présence parmi les signataires du supérieur de la Fraternité saint Pie X donne au document une légitimité incontestable, car il agit en tant que dirigeant de l’entité représentant officiellement la Tradition -même le Vatican ne le conteste pas-, soit, pour nous, la véritable Eglise de Jésus-Christ. « Notre fidélité à la Tradition n’est pas un repli sur le passé, mais un gage de pérennité pour l’avenir » explique Mgr Fellay en rappelant, à l’appui des propos de Mgr Lefebvre, fondateur de ce mouvement, que l’Eglise n’est pas « la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante » qu’ils ont toujours refusé de suivre. Or, continue Mgr Fellay, « ce sont précisément ce néo-modernisme et ce néo-protestantisme que les auteurs de la Correctio filialis dénoncent à juste titre comme les causes des changements opérés par Amoris laetitia dans la doctrine et la morale du mariage. »

4) Elle est là l’intelligence et la clairvoyance de Mgr Fellay : n’associer son nom -et celui de son mouvement- qu’à un document portant sur le dogme et la doctrine, évitant de tomber dans les pièges d’autres hérésies vaticanesques comme l’encyclique sur le climat, plus politique et donc plus piégeuse. En se plaçant sur le terrain de la théologie et de ses applications concrètes dans la vie de l’Eglise, Mgr Fellay oblige le pape et le Vatican à répondre sur le fond et non pas sur la forme. A juste titre il rappelle que « désormais dans certains pays les évêques acceptent la communion des divorcés civilement remariés, dans d’autres ils la refusent. Est-ce que la morale catholique est à géométrie variable ? Peut-elle être soumise à des interprétations contradictoires ? »
C’est pourquoi il ajoute : « dans cette triste situation de confusion, il est très important que le débat sur ces questions majeures s’amplifie, afin que la vérité soit rétablie et l’erreur condamnée. »
On sent par ces propos que Mgr Fellay veut encore donner un ton modéré à son approche, masquant ce qui pourtant s’apparente à une véritable déclaration de guerre ; nous allons le voir.

5) D’autre part, certains regrettent le ton trop révérencieux de cette lettre, que l’on s’adresse respectueusement au pape, lui demandant de condamner ces hérésies, et que l’on n’aborde pas d’autre sujets connexes comme le concile. Il ne faut pas oublier que nous avons face à nous des interlocuteurs qui sauront habilement déporter la polémique sur des sujets secondaires, évitant le débat sur le principal. Il ne faut donc pas leur donner la possibilité de dévier le sujet sur un terrain où ils pourront facilement faire oublier le fond de la critique pour s’étendre sur l’accessoire, comme l’hostilité envers le pape, la dénonciation du concile, la recherche de divisions à l’intérieur de l’Eglise etc, sans oublier bien entendu l’habituelle accusation d’intégrisme, de repli sur soi, de fermeture au monde, et pourquoi pas, de radicalisation.
En s’exprimant ainsi et en se focalisant sur l’essentiel, les rédacteurs de la Correctio Filialis désamorcent à l’avance les bombes qu’on pourrait leur lancer. D’où l’embarras du Vatican qui préfère le silence, car apporter une réponse les obligerait à répondre sur le fond.
Christian Lassalle déplore que le texte contienne 8 références au concile Vatican II mais là aussi c’est suprêmement intelligent. On sait que le concile manie le double langage : des références théologiques traditionnelles cohabitent avec des innovations modernistes. En utilisant les propres armes de l’ennemi, on le met dans une position difficile puisque, si l’on trouve dans les textes de leur concile de référence des éléments favorables à notre argumentation (et il y en a toujours ! sinon la nocivité du concile aurait été trop visible), on leur démontre leurs propres contradictions.
D’ailleurs pour le moment, les réactions que j’ai pu lire montrent bien leur embarras : tous bottent en touche et abordent le sujet non seulement en minimisant l’accusation d’hérésie, mais même en l’évitant soigneusement. Par exemple Jean-Marie Guénois dans le Figaro du 30 septembre explique que « le pape trouble une partie significative des catholiques » (titre révélateur !); puis il poursuit que ce document est « très discutable sur le fond et sur la forme et émanant d’une sensibilité ecclésiale ouvertement critique vis-à-vis du pape François » mais sans jamais expliquer en quoi elle est discutable et n’aborde à aucun moment le fond du problème : les hérésies visées ; seul point intéressant, il reconnaît qu’elle « a néanmoins obtenu un écho au-delà de ce petit cercle d’opposants. »
De son côté, Mgr Ricard, cardinal archevêque de Bordeaux, donc une haute autorité de l’Eglise, dans une interview donnée début octobre, pense qu’à Rome « on ne donne pas trop d’importance à ces interpellations qui se veulent filiales, mais qui restent intransigeantes » sans dire un mot sur l’accusation d’hérésie. On évite donc pour le moment soigneusement le problème, et on le minimisera le plus longtemps possible. Mais le pavé est lancé et personne n’arrêtera la Sainte Vierge.

 

6) Enfin, et c’est le plus important, on affirme et on démontre, argumentation théologique à l’appui, que le pape s’est rendu coupable d’hérésies !! Il s’agit bien d’une mise en cause de façon directe du pape, sans aucun doute ni ambiguïté. Reprenons leur texte de présentation :
Cette lettre « affirme que le pape, par son Exhortation apostolique Amoris laetitia ainsi que par d’autres paroles, actions et omissions en rapport avec celle-ci, a effectivement soutenu sept propositions hérétiques par rapport au mariage, à la vie morale et à la réception des sacrements, et qu’il a été à l’origine de la diffusion de ces opinions hérétiques au sein de l’Eglise catholique. »
Oui vous avez bien lu : les 62 signataires disent carrément, je cite leurs propres mots, que le pape a soutenu sept propositions hérétiques et qu’il a été à l’origine de la diffusion de ces opinions hérétiques au sein de l’Eglise. Ceci s’appelle une mise en cause personnelle du pape François et une accusation claire d’hérésie !
Car ils disent bien : le pape ; ils disent bien que c’est lui qui a été à l’origine de la diffusion de ces hérésies.
Par conséquent, puisqu’il est signataire de cette lettre, le supérieur de la Fraternité saint Pie X, qui s’était refusé jusqu’à ce jour à s’en prendre nommément au pape, le traite d’hérétique sans ambiguïté aucune.

Le 20 août dernier, Mgr Fellay avait déjà commis un acte demandé par le Ciel au pape, comme s’il se substituait à lui, en consacrant solennellement la Russie au Cœur Immaculé de Marie. Un mois après, il traite publiquement le pape François d’hérétique. Ce durcissement du ton fait suite à la réception par la Fraternité fin juin d’une lettre de Rome exigeant à nouveau la reconnaissance par ses soins du concile Vatican II en préalable à la régularisation de sa situation dans l’Eglise. Cette exigence mettait fin aux pourparlers entre la Fraternité et Rome car elle est heureusement impossible pour la Tradition. Dès lors, on peut se demander si le prélat dirigeant ce qui est probablement la véritable Eglise du Christ sur terre ne commence pas à prendre conscience que le mystère d’iniquité lève petit à petit le voile sur ses mystères et que Rome n’est décidément plus à Rome mais… là où d’autres comprennent qu’ils doivent faire le « travail » du pape en se demandant qui est le plus légitime des deux… pas forcément celui qu’on croit.

Mgr Fellay rappelle haut et fort que son attitude est celle de Mgr Lefebvre et de la Fraternité Saint-Pie X depuis le début. Dans sa déclaration du 21 novembre 1974, Mgr Lefebvre la définissait ainsi :
« Nous adhérons de tout cœur, de toute notre âme à la Rome catholique, gardienne de la foi catholique et des traditions nécessaires au maintien de cette foi, à la Rome éternelle, maîtresse de sagesse et de vérité. Nous refusons par contre et avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante ».
Au fond de lui, Mgr Fellay sait bien que la Fraternité remplace actuellement la Rome défaillante. Que la véritable Eglise se trouve dans la Tradition et non chez les hérético-modernistes de la Rome issue de Vatican II. Il a compris, ou il commence à comprendre, qu’il est temps de les jeter dehors.

 

L’accusation d’hérésie invalide le pape

Il y a eu par le passé des papes tombés dans l’hérésie. Roberto de Mattei, historien, dans son livre Apologie de la Tradition, cite le cas célèbre du pape Honorius, qui fut jugé hérétique par son successeur, Léon II, s’appuyant sur l’anathème prononcé par le 3ème concile de Constantinople (681). Depuis, explique Roberto de Mattei, les historiens considèrent Honorius non pas comme un hérétique, mais comme un fauteur d’hérésie, ajoutant que ce fut la même chose pour les papes Zosime et Virgile.
On a donc eu par le passé plusieurs cas de papes jugés hérétiques, mais ce fut à chaque fois après leur mort et non pas de leur vivant. Il ajoute que « le cas d’Honorius est l’un des arguments qu’emprunte saint Robert Bellarmin dans son De Romano Pontifice afin de démontrer qu’un pape peut être hérétique. »

Toujours selon de Mattei, « la possibilité qu’il y ait un pape hérétique ne contredit pas le dogme de l’infaillibilité puisque l’infaillibilité ne suppose pas l’inerrance du pape en tant qu’individu, mais bien celle de la charge pontificale en tant que telle« . Il ajoute, et c’est important, que « la divine Providence épargna à l’Eglise la tragédie d’un pape reconnu hérétique, mais pas celle de papes hérétisants qui, dans l’exercice de leur gouvernement, se rendirent coupables de graves fautes en se montrant être d’indignes Vicaires du Christ, mais sans jamais perdre leur charge pour autant. »
Jusqu’à aujourd’hui.

Car Roberto de Mattei rappelle aussi les conditions dans lesquelles un pape peut être jugé. Il faut bien connaître ces éléments car ils sont essentiels dans la compréhension de la portée des événements qui se déroulent sous nos yeux.
« Le pape saint Nicolas Ier (585-867), dans une lettre célèbre adressée à l’empereur byzantin Michel III écrite le 28 septembre 865, récapitula de manière formelle la doctrine de la Primauté romaine. C’est dans cette lettre que l’on retrouve l’expression fameuse « Prima Sedes non judicabitur a quoquam » (Le premier siège ne sera jugé par personne), évoquée par Gratien dans son Décret célèbre par ces mots: « A nemine est judicandus, nisi deprehenditur a fides devius » (Il ne doit être jugé par personne, excepté le cas où il s’éloignerait de la foi).
La règle du Prima sedes non judicabitur n’admet qu’une seule exception : le péché d’hérésie. »
Roberto de Mattei ne fait qu’exprimer ici des règles bien connues des théologiens, du Vatican et des grandes institutions religieuses. Les 62 signataires de la Correctio, à commencer par le supérieur de la Fraternité saint Pie X ne pouvaient pas les ignorer : c’est en toute connaissance de cause qu’ils accusent le pape d’hérésie, sachant que seul ce péché peut lui être formellement reproché.
Donc le choix de pointer sur 7 points litigieux et de démontrer qu’il s’agit d’hérésies est d’une portée sans précédent dans l’histoire de l’Eglise puisque cette accusation est faite du vivant d’un pape alors que les précédentes, on l’a vu, l’ont été par les successeurs des papes incriminés.

Quelles en sont les conséquences ?
Continuons avec Roberto de Mattei : « La possibilité de juger le pape s’il se rend coupable d’hérésie a été -ainsi que l’attestent les grandes collections canoniques- une maxime incontestée durant toute l’époque médiévale. Mais qui peut juger le pape, si nul ne lui est supérieur ? Les décrétistes médiévaux expliquent que, une fois tombé dans une erreur contraire à la foi, le pape cesse d’être le chef de l’Eglise : il s’exclut lui-même de la hiérarchie et de ce fait, tout catholique peut à la rigueur, l’accuser. »
Or c’est exactement ce qui s’est passé : puisqu’il s’agit d’hérésies authentiques, vérifiées et vérifiables, non seulement les 62 signataires ont autorité pour les dénoncer, car ils font leur devoir de chrétiens, mais en plus cette démarche prouve au monde que de facto le pape François n’est plus le chef de l’Eglise et le Vicaire du Christ à partir du moment où la dénonciation de ces hérésies est rendue publique.
Ça aussi Mgr Fellay et les théologiens le savent très bien.
La réponse de la Femme dans le Ciel du 23/09 aux provocations de l’Antéchrist est donc particulièrement cinglante.

Il est certain que l’autorité la plus légitime et incontestable pour déposer un pape de son vivant serait un concile ; mais de toute façon, comme l’explique Roberto de Mattei, toujours en s’appuyant sur les précédents médiévaux, « la sentence de l’Eglise ne serait que la constatation d’un fait« . En l’occurrence, « il ne s’agit pas de déposer un pape, mais simplement de constater qu’un pape est dépouillé de sa fonction en raison de son hérésie. »
Dans ces pages, Roberto de Mattei ne parlait pas des papes Vatican II mais de la position de l’Eglise concernant un pape reconnu coupable d’hérésie. La sentence est sans appel et convient exactement à la situation que nous vivons depuis quelques jours : pour la première fois, du vivant d’un pape, un groupe de laïcs et de religieux, dont l’évêque chef de file de la tradition, affirme et prouve l’hérésie du pape, ce qui revient à déposer le pape officieusement, car il s’est lui-même exclut de l’Eglise par ses positions hérétiques.

La suite est simple : si le pape ne réagit pas à ces accusations et ne condamne pas lui-même, publiquement et sans ambiguïté les hérésies qu’il a formulées ; ou si le pape ne démontre pas par une contre-argumentation théologique que ces accusations sont nulles et non avenues parce qu’il ne s’agissait pas d’hérésies ; alors tout catholique pourra prendre acte que le pape s’est dépouillé lui-même de sa fonction par sa propre faute. Tout catholique saura que le pape François n’est plus pape, si tant est qu’il l’ait été un seul instant, la réalité de la démission de Benoît XVI restant très douteuse.

 

Quelles sont les hérésies en question ?

Tout le monde en parle mais personne ne les cite ; il serait pourtant intéressant de savoir sur quels points et en quoi le pape se rend coupable d’hérésies.

Les auteurs se sont focalisés uniquement sur l’exhortation apostolique Amoris laetitia ; heureusement car s’ils s’étaient étendus au reste de la doctrine conciliaire, ce n’est pas 7 hérésies qu’ils auraient pointées, mais des dizaines.
Ils expliquent que les passages d’Amoris laetitia auxquels ils font référence sont : AL295, 296, 297, 298 (+ note de bas de page 329), 299, 300 (+ note de bas de page 336), 301, 303, 304, 305 (+ note de bas de page 351), 308 et 311. Les auteurs citent également un certain nombre de paroles, actions et omissions du pape en liaison avec ces passages.

Avant d’aborder leur argumentaire sur les hérésies, voici quelques morceaux choisis extrait de ce document, qui montrent que leur démarche se situe au-delà de la critique, mais constitue plutôt une sévère admonestation du pape et de l’esprit moderniste qui sévit dans l’Eglise depuis le concile, ainsi qu’une mise en garde sur les graves dérives de Rome à l’attention de tous les catholiques.

Florilège :

« Tandis que certains évêques et cardinaux ont continué de défendre les vérités divinement révélées sur le mariage, la loi morale, et la réception des sacrements, d’autres ont nié ces vérités et ont reçu de Votre Sainteté non pas une réprimande mais des approbations. »

 « Le Saint Esprit n’a pas été promis aux successeurs de Pierre pour qu’ils fassent connaître, sous sa révélation, une nouvelle doctrine, mais pour qu’avec son assistance ils gardent saintement et exposent fidèlement la révélation transmise par les Apôtres, c’est-à-dire le dépôt de la foi » (concile Vatican I).

 « Les pratiques aujourd’hui encouragées par les paroles et les actions de Votre Sainteté sont contraires non seulement à la foi et à la discipline pérenne de l’Eglise mais également aux affirmation magistérielles de vos prédécesseurs. »

« Une proposition hérétique est une proposition qui contredit une vérité divinement révélée incluse dans la foi catholique. (…) Le péché d’hérésie est commis par une personne qui possède la vertu théologale de foi, mais qui choisit alors librement et en toute connaissance de cause de ne pas croire ou de douter d’une vérité de la foi catholique. Une telle personne pèche mortellement et perd la vie éternelle. »

 « En second lieu, nous nous sentons obligés en conscience de mettre en évidence la sympathie sans précédent de Votre Sainteté à l’égard de Martin Luther, et l’affinité entre les idées de Luther sur la loi, la justification et le mariage, et ce qu’enseigne ou favorise Votre Sainteté dans Amoris laetitia et ailleurs. Cela est nécessaire afin que notre protestation contre les sept propositions hérétiques dont la liste est donnée dans ce document puisse être complète ; nous souhaitons montrer, fût-ce de manière sommaire, que ce ne sont pas des erreurs sans relation entre elles, mais plutôt, qu’elles constituent une partie d’un système hérétique. Les catholiques doivent être mis en garde non seulement contre ces sept erreurs, mais également contre ce système hérétique en tant que tel. »

Voici maintenant la liste des 7 hérésies et leur réfutation par des arguments théologiques.

Introduction
« Par ces mots, actes et omissions et par les passages allégués du document Amoris laetitia, Votre Sainteté a soutenu, d’une manière directe ou indirecte (si Vous en étiez conscient et jusqu’à quel point, cela nous ne le savons pas et ne voulons pas en juger), les propositions suivantes, fausses et hérétiques, propagées dans l’Eglise tant ex officio que par des actes privés » :

1) Première hérésie
«Une personne justifiée n’a pas la force, avec la grâce de Dieu, d’accomplir tous les commandements de la loi divine, comme si certains des commandements étaient impossibles à observer pour celui qui est justifié; ou comme si la grâce de Dieu, en produisant la justification d’un individu, ne produisait pas invariablement et par sa nature même la conversion de tout péché grave, ou qu’elle n’était pas suffisante à la conversion de tout péché grave».
Réfutation (Correction filiale) :
Concile de Trente, session 6, canon 18 : «Si quelqu’un  dit que les commandements de Dieu sont impossibles à observer même pour l’homme justifié et établi dans la grâce : qu’il soit anathème».

2) Deuxième hérésie
«Les chrétiens qui ont obtenu le divorce du conjoint avec lequel ils étaient validement mariés et ont contracté un mariage civil avec une autre personne (pendant que le conjoint était encore en vie), même s’ils vivent more uxorio* avec leur partenaire civil et ont choisi de rester dans cet état tout en étant pleinement conscients de la nature de leur action et avec le plein consentement de la volonté de rester dans cet état, ils ne sont pas nécessairement en état de péché mortel et peuvent recevoir la grâce sanctifiante et croître dans la charité».
*more uxorio : en mari et femme
Réfutation (Correction filiale) :
Marc 10,11-12: «Il leur dit: Celui qui répudie sa femme et qui en épouse une autre, commet un adultère à son égard; et si une femme quitte son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère».

3)Troisième hérésie
«Un chrétien peut être pleinement conscient de l’existence d’une loi divine et choisir volontairement de la violer en matière grave, sans être en état de péché mortel, comme conséquence de cette action».
Réfutation (Correction filiale) :
Concile de Trente, session 6, canon 20 : «Si quelqu’un dit que l’homme justifié, aussi parfait qu’il soit, n’est pas tenu d’observer les commandements de Dieu et de l’Eglise, mais seulement de croire, comme si l’Evangile était une pure et simple promesse de la vie éternelle sans la condition d’observer les commandements : qu’il soit anathème».

4) Quatrième hérésie
«Une personne, lorsqu’elle obéit à la loi divine, peut pécher contre Dieu en vertu de cette même obéissance».
Réfutation (Correction filiale) :
Psaume 18,8 : « La loi de l’Éternel est parfaite, elle restaure l’âme ». Mais aussi : Ecclésiastique 15,21; Concile de Trente, session 6, canon 20; Clément XI, Constitution Unigenitus, etc.

5) Cinquième hérésie
« La conscience peut juger véritablement et correctement que parfois les actes sexuels entre personnes qui ont contracté entre elles un mariage civil, bien que l’un des deux ou tous les deux soient sacramentellement mariés avec une autre personne, sont moralement bons, voulus ou demandés par Dieu ».
Réfutation (Correction filiale) :
Concile de Trente, session 6, canon 21 : « Si quelqu’un dit que le Christ Jésus a été donné par Dieu aux hommes comme rédempteur, en qui se confier, et non pas aussi comme législateur à qui obéir : qu’il soit anathème ».
Concile de Trente, session 24, canon 2 : « Si quelqu’un dit qu’il est permis aux chrétiens d’avoir en même temps plusieurs épouses, et que cela n’a été défendu par aucune Loi divine (Mt 19,9) : qu’il soit anathème ».
Concile de Trente, session 24, canon 5 : « Si quelqu’un dit que le lien du mariage peut être rompu en raison de l’hérésie, ou bien d’une vie en commun insupportable, ou bien en l’absence voulue d’un conjoint: qu’il soit anathème ».
Concile de Trente, session 24, canon 7 : « Si quelqu’un dit que l’Eglise se trompe quand elle a enseigné et enseigne, conformément à l’enseignement de l’Evangile et de l’Apôtre (Mt 5,32 Mt 19,9 Mc 10,11-12 Lc16,18 1Co 7,11) que le lien du mariage ne peut pas être rompu par l’adultère de l’un des époux, et que ni l’un ni l’autre, même l’innocent qui n’a pas donné motif à l’adultère, ne peut, du vivant de l’autre conjoint, contracter un autre mariage ; qu’est adultère celui qui épouse une autre femme après avoir renvoyé l’adultère et celle qui épouse un autre homme après avoir renvoyé l’adultère : qu’il soit anathème ».

6) Sixième hérésie
« Les principes moraux et les vérités morales contenues dans la Révélation divine et dans la loi naturelle n’incluent pas de prohibitions négatives qui interdisent d’une façon absolue certains genres d’actions particuliers qui, par leur objet, seraient toujours gravement illicites ».
Réfutation (Correction filiale) :
Jean Paul II, Veritatis splendor 115 : « Chacun de nous sait l’importance de la doctrine qui constitue l’essentiel de l’enseignement de la présente encyclique et qui est rappelée aujourd’hui avec l’autorité du Successeur de Pierre. Chacun de nous peut mesurer la gravité de ce qui est en cause, non seulement pour les individus, mais encore pour la société entière, avec la réaffirmation de l’universalité et de l’immutabilité des commandements moraux, et en particulier de ceux qui proscrivent toujours et sans exception les actes intrinsèquement mauvais ».

7) Septième hérésie
« Notre Seigneur Jésus-Christ veut que l’Eglise abandonne sa discipline pérenne par laquelle l’on refuse l’Eucharistie aux divorcés remariés et l’on refuse l’absolution aux divorcés remariés qui ne manifestent pas la contrition pour leur état de vie et le ferme propos de le corriger ».
Réfutation (Correction filiale) :
1 Cor. 11,27 : « C’est pourquoi celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur ».
Familiaris consortio, 84 : « La réconciliation par le sacrement de pénitence – qui ouvrirait la voie au sacrement de l’Eucharistie – ne peut être accordée qu’à ceux qui se sont repentis d’avoir violé le signe de l’Alliance et de la fidélité au Christ, et sont sincèrement disposés à une forme de vie qui ne soit plus en contradiction avec l’indissolubilité du mariage. Cela implique concrètement que, lorsque l’homme et la femme ne peuvent pas, pour de graves motifs – par l’exemple l’éducation des enfants -, remplir l’obligation de la séparation, “ils prennent l’engagement de vivre en complète continence, c’est-à-dire en s’abstenant des actes réservés aux époux”.
2e Concile du Latran, canon 20, DH 717 : « Parmi d’autres, une chose trouble profondément la sainte Eglise : la fausse pénitence ; nous demandons donc à nos frères dans l’épiscopat et aux prêtres de ne pas souffrir que les âmes des laïcs soient trompées par les fausses pénitences et ainsi enchaînées en enfer. Il appert qu’il y a fausse pénitence lorsque, méprisant la plupart des péchés, on ne fait pénitence que d’un seul, ou lorsqu’on ne le fait que d’un seul sans renoncer à un autre. Aussi est-il écrit :  » Celui qui a observé toute la loi, mais trébuche sur un seul point, devient coupable de tous  » (Jc 2,10), c’est-à-dire en ce qui concerne la vie éternelle. En effet, qu’il ait été impliqué dans tous les péchés, ou qu’il persiste seulement dans un seul, il ne franchira pas la porte de la vie éternelle. Il y a aussi fausse pénitence lorsque le pénitent ne renonce pas à une charge curiale ou commerciale qu’il ne peut en aucune manière exercer sans péché, ou si la haine habite son coeur, ou s’il ne rend pas satisfaction à celui qu’il a offensé, ou si étant offensé il ne pardonne pas à l’offenseur, ou si l’on prend les armes contre la justice ».

 

Conclusion

Cette Correctio Filialis est un réquisitoire en règle contre le pape et sa doctrine mortifère pour la foi et le salut des âmes. En démontrant théologiquement que le pape s’est rendu coupable d’hérésies, ils mettent l’accent sur le seul point permettant de déposer un pape : le péché d’hérésie. Et même, si l’on se réfère aux précédents dans l’histoire de l’Eglise et aux documents magistériels, en professant une doctrine hérétique, le pape s’exclut de lui-même de l’Eglise, il cesse de facto d’être pape.
Les auteurs démontrent aussi, et affirment, que le pape François ne s’est pas rendu coupable d’hérésie par hasard, par ignorance ou par négligence, mais qu’il s’agit bien de la mise en place d’un véritable « système hérétique« , dont la complaisance avec Luther et ses thèses en sont une autre composante. Il s’agit bien d’une mise en cause sévère et argumentée du chef de l’Eglise catholique, qui prouve que celui-ci a atteint, ou dépassé, le point de non-retour. On ne peut pas à la fois se déclarer catholique et suivre cet homme ; il faut choisir.
Le fait que le supérieur général de la Fraternité saint Pie X soit un des signataires montre non seulement que ce dernier a choisi, mais aussi que tout catholique digne de ce nom doit lui aussi faire le même choix : celui de la Tradition. Il ne fallait pas quitter la Tradition ; il ne fallait pas quitter l’Eglise véritable, celle qui est réellement apostolique car elle défend l’enseignement des apôtres et de Jésus-Christ sans le déformer ; il ne fallait pas s’aventurer dans cette contre-église qui sème le doute, tue la foi, abandonne les âmes à leur sort, refuse de procurer aux hommes le salut éternel, et finalement réhabilite le péché comme si celui-ci allait de soi et n’était plus à combattre.
Oui seule la Tradition a conservé une doctrine saine, une liturgie sainte, un enseignement solide, un engagement missionnaire intact, et une réelle volonté de sauver les âmes.
L’Eglise issue du concile Vatican II a voulu gagner le monde, mais « à quoi sert-il à un homme de gagner le monde, s’il perd son âme ? » (Marc 8:36)
L’heure des choix a sonné ; personne ne pourra dire qu’il ne savait pas ; mais on ne peut pas suivre un pape hérétique. Il ne reste plus que la Tradition.

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Un commentaire

  • Franck Chataignier

    Bonjour,

    L’inconséquence de ce pape et de ses prédécesseurs depuis Vatican II, est de croire qu’en courant après la modernité celle-ci épargnera l’Église, et que ses ouailles, ainsi ce faisant, retrouveront le chemin de la messe. On constate que cette stratégie provoque l’inverse de l’effet désiré et pire encore, que pour se faire, ce pape dans la contradiction la plus absolue, n’hésite pas à aller jusqu’à trahir la parole et l’enseignement de notre Seigneur.

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