La Secte Maçonnique de 1717 à 2017 par l’abbé Ricossa.

Conférences en trois partie de l’Institut Mater Boni Consilii du 26 novembre 2017, à Paris, par M. l’abbé Francesco Ricossa (directeur de la revue Sodalitium). La Secte Maçonnique, 1717-2017 : 300 ans de maçonnerie moderne.
1ère Conférence – Les origines et la fondation de la secte :
Plan indicatif : – Connaître les ennemis – Qu’est-ce que la franc-maçonnerie – Qui étaient ces francs-maçons du début : pasteur James Anderson, Pasteur Desaguliers, William Stockley, Chevallier de Ramsey, William Stukeley – La franc-maçonnerie existait-elle avant 1717 ? – Questions de la salle.
2ème Conférence – La doctrine de la franc-maçonnerie 3ème Conférence – Francs-maçons, modernistes, traditionalistes :
Plan indicatif : – Le magistère de l’Église et spécialement l’encyclique Humanum Genus de Léon XIII – Le naturalisme – L’ésotérisme – question de l’athéisme ou déisme maçonnique est un faux problème – maçonnerie et kabbale – Questions de la salle.
3ème Conférence – Francs-maçons, modernistes, traditionalistes.
Plan indicatif : – Maçonnerie et modernisme : œcuménisme, réunions d’Assise, rabbin Benamozegh, Benson, légende des trois anneaux, Jules Marx Isaac… “modernistes et maçons même combat” – Maçonnerie et traditionalisme : Guénon, Evola, Coomaraswamy, Introvigne, Radio Spada, – Questions de la salle (notamment sur Les Brigandes).
«A notre époque, les fauteurs du mal paraissent s’être coalisés dans un immense effort, sous l’impulsion et avec l’aide d’une Société répandue en un grand nombre de lieux et fortement organisée, la Société des francs-maçons. Ceux-ci, en effet, ne prennent plus la peine de dissimuler leurs intentions et ils rivalisent d’audace entre eux contre l’auguste majesté de Dieu. C’est publiquement, à ciel ouvert, qu’ils entreprennent de ruiner la sainte Église, afin d’arriver, si c’était possible, à dépouiller complètement les nations chrétiennes des bienfaits dont elles sont redevables au Sauveur Jésus Christ. (…) Il en résulte que, dans l’espace d’un siècle et demi, la secte des francs-maçons a fait d’incroyables progrès. Employant à la fois l’audace et la ruse, elle a envahi tous les rangs de la hiérarchie sociale et commence à prendre, au sein des États modernes, une puissance qui équivaut presque à la souveraineté. De cette rapide et formidable extension sont précisément résultés pour l’Eglise, pour l’autorité des princes, pour le salut public, les maux que Nos prédécesseurs avaient depuis longtemps prévus. (…) Il s’agit pour les francs-maçons, et tous leurs efforts tendent à ce but, il s’agit de détruire de fond en comble toute la discipline religieuse et sociale qui est née des institutions chrétiennes et de lui en substituer une nouvelle façonnée à leurs idées et dont les principes fondamentaux et les lois sont empruntées au naturalisme».
Extraits de l’encyclique Humanum Genus de S.S. Léon XIII (20 avril 1884).
« La franc-maçonnerie et le modernisme ont les mêmes méthodes et le même but ».
Entretien donné par l’Abbé Ricossa au journal Rivarol du 15 novembre 2017.
Le directeur de la revue Sodalitium, l’abbé italien Francesco Ricossa, donne chaque année à Paris depuis une décennie une série de conférences de haut niveau sur une question importante de l’actualité religieuse ou de la doctrine catholique. A l’occasion du troisième centenaire de la naissance de la franc-maçonnerie moderne, il va ainsi donner le 26 novembre une série d’instructions, chacune suivie de questions de la salle, sur ce phénomène, son origine, sa doctrine, ses ramifications, son infiltration et son influence dans les milieux “catholiques” tant modernistes que traditionalistes. Nous lui posons donc des questions sur ce sujet essentiel mais aussi sur des thèmes d’actualité.
RIVAROL : Que pensez-vous de la « correction filiale » adressée à Bergoglio à la suite de « l’exhortation apostolique » Amoris Laetitia ? Ce document, signé par des conciliaires conservateurs et le supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, qui recense sept hérésies dans Amoris Laetitia, n’a jusqu’à ce jour provoqué aucune réaction officielle du Vatican.
R. : Cependant les signataires affirment que leur « correction filiale » ne remet pas en cause l’infaillibilité pontificale.
R. : Beaucoup de traditionalistes n’ont-ils pas une vision très minimaliste de l’infaillibilité pontificale ?
R. : Considérer qu’un vrai pape, le vicaire du Christ, le successeur de Pierre, puisse, tout en restant pape, canoniser des saints qui n’en sont pas, promulguer un concile œcuménique, un catéchisme, un code de droit canon qui contiennent des erreurs et des hérésies, promulguer un rite de la messe et un rituel des sacrements qui soient nocifs pour la foi, publier des encycliques et autres documents pontificaux qui enseignent des erreurs graves en matière de foi et de morale, poser des actes publics scandaleux comme la réunion d’Assise ou le baiser du Coran n’est-il pas étrange ? Saint Thomas d’Aquin enseigne dans La Somme théologique qu’un catholique qui vénérerait le tombeau de Mahomet commettrait un acte d’apostasie. Or quelle différence y a-t-il entre vénérer le tombeau de Mahomet et baiser le Coran comme le fit Jean Paul II en 1999 au Vatican ? La conception d’un pape faillible pouvant publiquement enseigner et encourager l’erreur et l’hérésie ne va-t-elle pas à angle droit contre Vatican I qui enseigne explicitement et infailliblement que le siège de Pierre est toujours resté pur de toute erreur…
R. : Si je puis me permettre, cette « correction filiale » a été également signée par un ancien sédévacantiste aujourd’hui septuagénaire, l’abbé Claude Barthe. C’est une pierre dans votre jardin, non ?
R. : C’est une forme d’entrisme ?
R. : Vous évoquiez Luther. Déjà l’année dernière, au Vatican à Saint-Pierre de Rome, Bergoglio avait fait un discours sous le regard bienveillant d’une statue de Luther pour commémorer le 500e anniversaire jour pour jour de la promulgation des 95 thèses luthériennes. Il ne s’est pas contenté de cela, il est depuis allé en Suède participer activement à des offices œcuméniques avec des pasteurs femmes, il continue de faire des déclarations très favorables à Luther. Que penser de tout cela ?
Bergoglio est luthérien, et ce n’est pas l’offenser que de le dire, puisqu’il ne cache pas sa dévotion envers ce personnage qui a été un ennemi déclaré de la papauté, des sacrements, du sacrifice de la messe, de toutes les vertus chrétiennes, de la foi. Ce qui est étonnant, c’est que la plupart des baptisés ne s’en rendent pas compte. Il faut dire que cet éloge de Luther est ancien, c’est presque une sorte de tradition. Cela avait commencé avec Jean Paul II.
R. : En 1999, il y avait déjà eu en effet un accord sur la justification…
R. : Mais Bergoglio ne va-t-il pas plus loin que ses prédécesseurs, au moins sur le plan du démantèlement public et radical de la morale chrétienne : sur le divorce, l’homosexualité, l’abandon dans les faits de l’indissolubilité du mariage, la caution publique donnée à des mouvements du lobby LGBT, à des clercs militant ouvertement pour l’ordination de prêtres homosexuels et favorables au “mariage” des invertis ?
R. : Mais cela ne suscite pas tellement plus de réactions dans le monde officiellement catholique.
R. : Un mot sur ce que dit à répétition Bergoglio sur l’accueil sans réserve, sans limite, de migrants mahométans en Europe…
Le fait que l’Europe n’a plus aucune foi, ni aucune morale conduit évidemment à la dissolution des identités. Mais je pense que le phénomène des flux migratoires a été voulu. L’Europe était déjà dans ce malheureux état d’apostasie avant que le phénomène de l’immigration massive ne commence. Par ailleurs, les problèmes de pauvreté et de guerre existaient déjà il y a un demi-siècle dans les continents les moins favorisés et pourtant il n’y avait presque pas d’immigration. Ce phénomène a donc été organisé au plus haut niveau, et dans un but bien précis.
Mais le problème le plus grand, plus important encore que l’invasion qui vient du dehors, c’est la corruption qu’il y a chez nous. Si notre civilisation était à la hauteur de son passé, de son héritage, la plupart de nos problèmes auraient été résolus. Mais malheureusement c’est nous qui sommes les premiers coupables. Et il est évident que nous avons été trahis, ceux devant œuvrer au bien travaillant en réalité pour l’ennemi.
R. : Cette année ce n’est pas seulement le cinq-centième anniversaire de la Réforme luthérienne, c’est également le trois-centième anniversaire de la création de la franc-maçonnerie moderne. A cette occasion, et pour commémorer ce triste événement, vous donnez à Paris le 26 novembre une série de conférences sur ce sujet. Pouvez-vous nous en dire plus ?
La deuxième conférence se penchera sur la doctrine de la maçonnerie. Et le point de départ sera l’encyclique de Léon XIII Humanum genus. Elle sera complétée par l’essai d’Arthur Preuss sur la franc-maçonnerie américaine qui est un des meilleurs ouvrages sur la question mais qui, en France curieusement, n’a eu aucun écho.
La troisième conférence est une question d’actualité, l’influence que l’ennemi peut avoir sur les modernistes, ce qui est évident, mais aussi dans “nos” milieux pour s’en garder. C’est la partie la plus polémique et la plus croustillante si j’ose dire !
R. : Que répondre à ceux qui prétendent que la franc-maçonnerie n’a plus aujourd’hui l’influence qu’elle avait par le passé ?
Certains ne s’aperçoivent même plus de la présence néfaste de la franc-maçonnerie car elle est vraiment partout, y compris chez ceux qui prétendent être l’autorité de l’Église catholique. Les réunions d’Assise sont ainsi une manifestation impressionnante de ce qui est fait dans les loges. C’est la même méthode qui est utilisée et dans le même but. Le fondateur de la communauté de Sant’Egidio, Andrea Riccardi, qui organise ces réunions d’Assise, a déclaré il y a quelques années que son inspirateur, c’est le rabbin de Livourne, Elie Benamozegh, un homme très proche de la franc-maçonnerie et désireux de réaliser les principes du noachisme, lequel est cité dans les Constitutions d’Anderson, c’est-à-dire les constitutions qui règlent la maçonnerie moderne.
R. : Les mouvements de droite radicale en Europe ne sont-ils pas eux-mêmes infiltrés par la franc-maçonnerie ?
R. : Vous pensez à l’influence dans les milieux de droite radicale que peuvent avoir des penseurs comme René Guénon ou Julius Evola ?
R. : Quels ont été les rapports du fascisme italien et de la maçonnerie ?
Nul doute par ailleurs que le fascisme était proche à son origine des principes ayant présidé au Risorgimento. Il est vrai aussi que, durant le régime, certains ont pensé que le gouvernement de Mussolini aurait conduit à un triomphe de l’ésotérisme, par exemple le groupe d’Evola et Reghini, mais pas seulement eux, celui de D’Annunzio également. Ce courant-là voulait que le fascisme marquât une continuation du mouvement du Risorgimento dans un sens clairement ésotérique. Mais il a été déçu au moment du Concordat. D’autres courants ont en revanche pensé que le fascisme, malgré tous ses défauts doctrinaux, aurait pu, peu à peu, apporter, d’un point de vue plus pratique que spéculatif, un remède à la révolution italienne et ont travaillé dans ce but, par exemple Mgr Benigni, le fondateur de la Sapinière qui s’opposait aux principes du mouvement fasciste, mais qui a collaboré activement avec le régime, cela dans le but de l’amener à des positions catholiques. Tout le monde a donc essayé d’amener ce gouvernement de son propre côté.
R : Que répondez-vous à ceux qui distinguent entre une bonne et une mauvaise maçonnerie, une maçonnerie blanche, monarchiste, royaliste et traditionaliste qui serait honorable et une maçonnerie rouge, athée, révolutionnaire qui serait à rejeter ?
L’Église ne fait pas de distinction entre la maçonnerie anglaise et la maçonnerie française, entre une maçonnerie de droite et une maçonnerie de gauche. Toutes les maçonneries se proclament pour une tradition, évidemment c’est leur tradition qui n’est pas la nôtre !
Il y a des principes communs à toute maçonnerie. Nous avons réédité le livre d’Arthur Preuss Essai sur la franc-maçonnerie américaine. Le but de l’auteur était de montrer que la maçonnerie anglo-saxonne partage les mêmes principes que la maçonnerie latine, la même farouche opposition à l’Église. C’est une illusion de croire à une franc-maçonnerie respectueuse de la religion. Il faut donc lutter contre toute maçonnerie, et contre tout ésotérisme, même s’il est partagé par des gens qui ne sont pas initiés en Loge.
R. : Comment peut-on brièvement définir les principes de la maçonnerie ?
Il faut bien comprendre que dans la maçonnerie deux aspects existent et doivent être distingués. Un aspect rationaliste et un aspect magique, lequel n’est pas contraire mais complémentaire au premier. On observe la négation de la véritable religion mais celle-ci étant niée d’une manière rationaliste est comme remplacée par les mystères maçonniques qui sont une réédition des anciennes hérésies de la gnose païenne et de la kabbale juive qui ont plus ou moins les mêmes principes. Les mystères du paganisme unis au courant de l’alchimie Rose-Croix, de l’hermétisme, du néoplatonisme, ce sont là la philosophie et la religion maçonniques qui aboutissent au culte du Serpent. Il n’est pas étonnant que parmi les personnages de la tradition maçonnique on exalte Caïn, une lignée certes traditionnelle mais démoniaque. Quand le poète italien Carducci écrit son Hymne à Satan, il montre ces deux aspects de la maçonnerie : un naturalisme rationaliste, Satan est le symbole de la négation de Dieu dans le progrès humain, et en même temps une tendance démoniaque, magique et satanique.
R. : Que penser des distinctions entre maçonnerie matérialiste et maçonnerie spiritualiste ?
R. : Votre troisième conférence sur maçonnerie, modernisme et traditionalisme semble polémique. Qu’entendez-vous démontrer dans cette instruction ?
Plus étonnante est la question du traditionalisme. On entend par ce mot non pas le traditionalisme du XIXe siècle qui, tout en ayant été la philosophie de la Restauration et avec Lamennais hélas celle aussi du libéralisme, est l’ancêtre soit du modernisme, soit du guénonisme, mais le traditionalisme moderne, celui qui s’oppose à Vatican II et auquel nous nous rattachons. Même dans “nos” milieux il y a des infiltrations soit des idées, soit de certaines personnes développant une ambiance ésotérique. Il y a plusieurs cas concrets à examiner. C’est ce que je ferai dans cette conférence. Et même chez ceux qui n’ont pas des fréquentations ou des idées ésotériques, d’aucuns, dans des groupements traditionalistes, utilisent les méthodes maçonniques pour arriver à leurs fins. Il faut mettre tout cela en lumière. C’est donc un sujet de discussion pour se garder de certains problèmes.
Tout cela bien sûr, il faut l’affirmer sans tomber dans un travers assez fréquent hélas chez ceux qui combattent à juste titre la franc-maçonnerie, c’est-à-dire de le faire sans esprit critique suffisant, sans documents à l’appui, sans preuve avérée, sans formation approfondie. Il y a dans l’antimaçonnisme un côté sérieux et même indispensable mais il y a aussi des ouvrages, des auteurs, des sites moins sérieux et moins fiables. De même il y a ceux qui se gardent des infiltrations maçonniques, j’en suis, et ceux qui prétendent que tous ceux qui ne pensent pas comme eux sont des francs-maçons. Ce qui est ridicule et peut jeter à tort le discrédit sur toute l’école anti-maçonnique.
R. : Aborderez-vous au cours de vos conférences la question de la judéo-maçonnerie ?
Propos recueillis par Jérôme Bourbon
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